CHAPITRE 26

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-IAGO-

Je me réveille en sursaut. Le ciel est teinté d'orange. L'aube.

Ma poitrine se soulève rapidement, mon corps est douloureux. J'ai mal au ventre, j'ai faim, froid,peur.

Des larmes sèches collent à mes joues. Je me redresse d'un geste mécanique et  mes pieds me guident seuls. Quand je réalise où je me trouve, je suis déjà devant Ambrosia. Sans sac, sans uniforme, l'esprit vide. Je finis par entrer dans les toilettes.

J'attrape le rebord du lavabo et je me regarde dans le miroir. Un fantôme. Un putain de mort-vivant.

Et alors, je craque. Je me laisse glisser contre le mur, les mains tremblantes.

Pourquoi est-elle est revenue ? Pourquoi on ne m'a rien dit ?

Elle va me tuer. Elle va me tuer comme elle a tué papa. Même avec un psy, même après toutes ces années... elle peut recommencer. Et personne ne pourra l'arrêter.

J'essuie mes yeux d'un geste rageur, mais mon corps est en mode panique. C'est à ce moment-là que j'entends une voix douce.

«- Verazza... Tu veux en parler ? »

Je sursaute et mon regard se lève, paniqué. Aprile est là. Elle est revenue en court quand même.

Ses beaux yeux inquiets sont posés sur moi. Et merde.

Elle ne devrait pas me voir comme ça. J'essaie de rire, un rire qui meurt aussitôt.

«- Je suis dans un piètre état, Miss.

- Je vois ça... » murmure-t-elle.

Elle s'approche sans hésiter, entre dans la pièce et s'assoit près de moi. Elle tend ses jambes devant elle, m'invitant sans un mot, alors je ne me fais pas prier. Je m'allonge contre elle, comme un gosse en manque de repères. Ses bras m'entourent doucement, ses doigts caressent mes cheveux. Le geste est lent et apaisant. Elle est comme Sally... Elle m'apaise.

«- Je suis là... Ok ? »

Sa voix me berce presque, elle me guide doucement.

Respirer. Inspirer lentement, expirer tout aussi lentement. Je lutte, mais j'essaie.

Elle ne lâche pas. Elle m'encourage, encore et encore, jusqu'à ce que mon corps se calme puis le silence s'installe. Un silence paisible.

«- Merci beaucoup » soufflais-je

Elle secoue doucement la tête.

«- N'importe qui aurait pu t'aider, tu sais...

- Mais toi, tu n'es pas n'importe qui »

Un silence plus profond, plus intense. J'entends seulement nos respirations mêlées et je me sens en sécurité.

Plus qu'avec Sally. Avec elle.

«- Ce soir c'est moi qui prend soins de toi »
                   
                                   ꕺꕺꕺ

La nuit est fraîche, mais je ne ressens rien. Tout mon corps est engourdi et vidé. Mon esprit est encore secoué par les événements, par les cris, par les coups. Je devrais être en colère, mais je ne ressens qu'un vide immense. Un poids invisible m'écrase la poitrine et  pourtant Vadruno est là, sa main serrée autour de la mienne.

«- Viens » murmure-t-elle d'une voix douce.

Ses doigts sont fins, mais sa poigne est ferme. Elle m'entraîne à travers les rues d'Ambrose, nous éloignant de tout, comme si elle savait où aller. Peut-être que c'est le cas. Peut-être qu'elle a toujours su comment fuir les mauvais endroits.

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