Némésis

CHAPITRE 20

« Le secret pour s'en sortir avec un mensonge, c'est d'y croire de toutes ses forces. C'est d'autant plus vrai lorsqu'on se ment à soi-même que lorsqu'on ment aux autres. »
Elizabeth Bear

♛♛♛

Isaac

Je me tourne dans tous les sens, mais impossible de trouver le sommeil. Depuis que j'ai arrêté ces foutus anxiolytiques, je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit.

Entre ça et l'ouverture imminente de l'hôtel à Bogota, je n'ai plus une seconde pour moi. J'ai enchaîné les réunions d'équipe, les discours et les accords commerciaux sans jamais me reposer.

Tout ça pour quoi ? Pour que mon père désigne un inconnu comme responsable, alors que j'ai dû jouer des pieds et des mains pour permettre à cet hôtel de voir le jour. Mais comme à chaque fois, il ne me fait pas confiance – à juste titre, cependant.

— Tu n'es pas encore prêt pour un tel projet, m'avait-il dit sans même me regarder. Tu as déjà du mal à t'occuper d'un simple casino à Las Vegas, comment crois-tu une seconde être capable de gérer un hôtel entier dans un autre pays ?

Et il n'a pas tort. Je ne suis pas prêt, mais je sais que la véritable raison de son refus n'a rien à voir avec mon incompétence.

Il veut simplement m'empêcher de mettre les pieds dans la fourmilière. Il a compris que je commençais à vouloir fouiner dans ses affaires illégales, et il fait tout ce qu'il peut pour m'éloigner de ses projets personnels.

Treize. 
C'est le nombre de sociétés dormantes** dans lesquelles il a investi en quinze ans. Presque dix pour cent des recettes annuelles sont versés à l'étranger chaque année.

Sur le papier, cela n'a rien d'illégal. Il s'assure de toujours transférer une somme en dessous du seuil de surveillance des autorités pour ne jamais éveiller le moindre soupçon.

Personnellement, j'ai une petite idée de ce qu'il fabrique en secret, mais j'espère de tout cœur que mon père n'est pas assez cupide pour se servir de ses hôtels comme d'un point relais pour trafiquants.

Comme je n'arrive pas à dormir, je décide de descendre me faire une tasse de thé, mais je m'arrête en plein milieu de l'escalier lorsque je perçois une lumière vive provenant de la télévision.

Je foule les marches à pas feutrés pour ne pas me faire surprendre et finis par trouve Ambre de dos, les yeux rivés sur l'écran qui diffuse un épisode de Glee avec le son coupé et les sous titres qui défilent.

Sur ses genoux repose un bol entier de céréales qu'elle picore sans jamais quitter l'écran des yeux.

Elle finit par me remarquer et, avant même que je puisse lui dire de continuer, elle éteint la télé et se lève du canapé.

Les rayons de la lune percent à travers les vitres de la maison, illuminant sa peau claire. Malgré la distance qui nous sépare, je remarque que le fin tissu de son pyjama ne cache pas totalement ses courbes enivrantes.

Putain. 
Elle ne porte pas de soutien-gorge.

Lorsque mes yeux descendent le long de ses jambes, je déglutis avec difficulté, en réprimant les images obscènes qui me viennent à l'esprit.

Cela fait bien trop longtemps que cette période d'abstinence dure, et j'ai de plus en plus envie de la plaquer contre le mur et de goûter à sa peau, jusqu'à ce qu'elle se perde à la lisière du paradis.

J'espère qu'elle ne remarque pas l'érection qui bombe sous ma ceinture, que je tente de camoufler en allant m'asseoir à la table de la cuisine.

Nous avions convenu qu'une fois mariés, je pourrais fréquenter qui je voudrais sans restriction, mais la vérité, c'est que plus aucune femme ne me fait le moindre effet depuis qu'Ambre est entrée dans ma vie. Elle est envoûtante, et malgré son caractère désagréable, elle sait parfois se montrer intéressante.