« L'Homme est un animal politique. »
Aristote♛♛♛
Ambre
— Tiens, tu as reçu ça, me lance Sarah en posant sous mes yeux une enveloppe cartonnée.
— Qu'est-ce que c'est ?
Elle hausse les épaules et patiente dans mon dos jusqu'à ce que je l'ouvre. Cela fait presque une semaine qu'Isaac et moi sommes mariés et, à vrai dire, c'est la seule avec qui j'ai vraiment pu discuter.
J'ai bien tenté de lui échapper, mais elle est tenace. Elle me rappelle ma mère, c'est peut-être pour ça que j'ai eu si peu de mal à m'intégrer à ses côtés. Elle veille à ce que mon petit déjeuner soit prêt tous les matins, même quand je lui intime de ne rien faire. Quand elle remarque que je passe beaucoup de temps enfermée dans la bibliothèque à lire des romans à l'eau de rose, elle s'assure que je ne manque de rien et garde un œil sur moi.
Quand je rumine dans mon coin en m'enfermant dans ma chambre sans vouloir parler, elle laisse toujours des mots réconfortants devant ma porte sous forme de citations.
Je ne crois pas en Dieu, mais Sarah est tout mon contraire. Elle est dévouée à sa religion, et parfois, je l'admire de croire si fort à quelque chose qu'elle n'a jamais vu. Elle trouve toujours les mots justes.Elle a probablement remarqué qu'Isaac et moi n'étions pas proches, et encore moins intimes. Le seul moment de la journée où on s'adresse la parole, c'est lorsqu'on se croise dans les couloirs trop grands de cette maison à la nuit tombée.
On se regarde, longtemps, sans parler, puis chacun de nous retourne dans sa chambre en emportant ses cauchemars avec lui.
Je reporte mon attention sur le carton.
L'enveloppe est scellée par un sceau doré où trône l'inscription « W », accompagnée de mon nom en lettres cursives sur le papier blanc.Je déchire la cire et extirpe la lettre pour en lire le contenu.
**« Vous êtes conviée à prendre le thé au manoir rouge, ce jeudi neuf octobre à quinze heures trente.
— D. Williams. »**Sarah pouffe dans mon dos, ce qui me fait froncer les sourcils.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Tu comptes y aller ? me demande-t-elle, curieuse.
Je ne raterais ça pour rien au monde. J'attendais avec impatience le jour où j'allais enfin mettre les pieds dans ce lieu si privé. Qui sait quel cadavre je vais trouver dans les placards personnels d'Evan ?
— Il faut bien que je m'intègre. Evan est l'une des têtes les plus importantes d'Arès, ce serait mal vu si je refusais une invitation de la part de sa femme.
— À mon avis, elle n'avait pas envie que tu viennes, me fait-elle remarquer. Elle te l'a envoyée en espérant que tu refuses.
— Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?
— Parce que c'est pour aujourd'hui.
La garce.
— Tu dois être là-bas à quinze heures trente et il est déjà midi, ajoute-t-elle. Elle ne voulait probablement pas que des rumeurs circulent si elle ne t'invitait pas, alors elle a trouvé le moyen de t'empêcher de venir.
— Dommage pour elle, je n'ai rien de mieux à faire de ma journée.
L'un des nombreux avantages d'être la femme d'un McGuire. Je passe mon temps à surveiller Evan et à fouiner dans le bureau d'Isaac et, malgré ces cinq jours intensifs de recherches, le constat est clair : ils prennent leurs précautions. Je n'ai rien trouvé.

VOUS LISEZ
Némésis
RomanceAmbre est morte. Du moins, c'est ce que pensent ses ennemis, et elle compte bien profiter de l'opportunité de n'être plus qu'un fantôme pour faire payer ceux qui ont commandité le meurtre de sa famille, il y a dix ans. Elle est prête à tout pour se...