CHAPITRE 17

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TW: Certaines scènes à caractère violents
ou sexuel pourraient heurter votre sensibilité. Bonne lecture <3

«Il découvrit que la réalité était parfois plus terrifiante que ses hallucinations»

-IAGO-

Je suffoque presque sous le poids de la chaleur qui me gagne. La sueur perle sur ma nuque, mais ce n'est pas la température qui me fait cet effet. Non. C'est ma putain d'hallucination... J'essaie de me concentrer sur les paroles de Vadruno, sur le moindre de ses gestes, mais mon esprit me trahit.

Son visage me hante. Dès que mes yeux se posent sur elle, une seule pensée m'obsède : la façon dont je lui ai donné du plaisir. Mon cœur s'emballe. Pourtant, cette fièvre n'a rien à voir avec celle qui m'envahit quand mon regard croise Jude.
Son corps sans vie me revient en mémoire, figé et éteint comme une scène gravée à jamais sous mes paupières. Si seulement je pouvais revenir en arrière et tuer Melinda avant qu'elle ne tue ma rouquine préférée... Enfin, maintenant elle me hante de trop.

Melinda. Ma toute première victime. La première fois que mes mains se sont tachées de sang à tel point que ma peau ne se voyait plus. Je me souviens de tout, de chaque détail et de la satisfaction qui m'avait envahie. De la justice que j'ai rendue à ma manière. Elle avait tué ma meilleure amie, arraché une partie de moi sans hésitation alors je ne me suis absolument pas gêné de faire de même.

Je me rappelle encore du son de son rire ce jour-là, ce rire cruel qui s'imprimait dans mon crâne pendant qu'elle commettait son crime. Mais quand ce fut mon tour... Quand j'ai serré mes doigts autour de son cou et que mon couteau s'est planté dans son ventre,  que j'ai vu la panique prendre le dessus dans ses yeux... C'est mon propre rire qui a résonné. Un rire identique au sien. Parce qu'au fond, elle et moi, en cet instant précis, nous étions les mêmes.

Mes mains tremblent alors que j'attrape la boîte de calmants. J'en fais glisser un sur ma paume, puis un deuxième. Je les avale sans même y penser, espérant désespérément un effet immédiat. Mais ce n'est pas assez. Ça ne sera jamais assez.
Putain, pourquoi maintenant ?

«- Je te soûle à ce point, Iag ?»

Sa voix s'infiltre dans mon esprit comme un murmure empoisonné. Mon corps se tend instantanément. Nan. Pas ça. Pas ce surnom.

Je relève la tête lentement, la gorge nouée. Jude est là, planté devant moi, son regard perçant cloué au mien.

«- Tu me veux quoi, Jude ? S'il te plaît, arrête...»

Ma voix se brise sur les derniers mots, mais je sais déjà qu'elle n'arrêtera pas d'apparaître.

«-Quand je suis là ce n'est jamais par hasard, tu es censé le savoir non ? Souviens-toi de la première fois que je suis apparu»

Je ne veux pas. Je refuse.

Mais les souvenirs sont déjà là, menaçants, prêts à déferler.

Flashback, 5ans plus tôt

Ma mère m'attend devant l'entrée, les bras croisés et le visage crispé par la colère. Son regard furieux me transperce alors que j'approche, le pas traînant, l'odeur d'alcool encore accrochée à mes vêtements. Il doit être six heures du matin je dirais. L'aube commence à peine à chasser la nuit et moi, je rentre seulement.

Je sais que je n'aurais pas dû. Seize ans, et pourtant, je m'abandonne déjà à des excès qui ne m'appartiennent pas. Je n'ai jamais eu l'autorisation de sortir la nuit, encore moins de disparaître comme ça. Mais à quoi bon respecter des règles quand tout est déjà foutu ? Depuis que Jude s'est fait assassiner, l'alcool est devenu mon refuge. À défaut d'avoir pu le sauver, je me résigne à noyer ma douleur dans des verres qui se succèdent trop vite et surtout à hanter les rues en traquant la famille Vadruno. Je sais déjà comment Melinda va crever. Je l'ai imaginé des centaines de fois. Chaque détail est gravé dans mon esprit et maintenant j'ai la solution.

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