Aiden
- Et est-ce que tu sens sa présence en ce moment ? me demande-t-elle en effleurant délicatement les touches du piano, comme si elles pouvaient se briser sous ses doigts.
Sa question soudaine me fait lever les yeux, je fronce les sourcils en plongeant mon regard dans le sien. Qu'est ce que je ressens au juste ?
Rien, seulement du vide.
Je pousse un soupir en baissant les yeux vers ma main posée sur les touches et joue une note, je ne ressens absolument rien. Je mords ma lèvre en pensant à Sienna, est ce qu'elle m'observe toujours ? Est ce qu'elle m'a pardonné ? Les souvenirs de Sienna m'envahissent : sa voix douce, son sourire éclatant, et cette lumière qu'elle apportait dans ma vie. Je ferme les yeux, cherchant une quelconque trace de sa présence, un signe, une sensation, mais tout ce que je trouve, c'est ce néant qui m'engloutit. Puis, alors que je perds espoir, je ressens la caresse des doigts d'Enora qui me ramène à la réalité. Je rouvre doucement les yeux, le cœur battant, et tourne la tête pour croiser son regard. Elle plonge ses iris émeraudes dans les miennes, attendant une réponse à sa question. La lumière douce de la pièce jouait sur ses traits, et la fenêtre entrouverte laissait le vent s'infiltrer, soulevant doucement quelques mèches de ses cheveux.
Je reste figé un moment, le souffle coupé et les pensées confuses. Enora, avec sa présence calme et rassurante, semble absorber la lumière du lustre, comme une figure presque éthérée elle-même. Elle sourit légèrement, une expression douce et réconfortante. Le vent continue de jouer avec ses cheveux, et une paix inattendue commence à s'installer en moi. Sa présence, son calme et sa compréhension m'apportent un réconfort que je n'avais pas espéré.
- Non seulement toi, murmuré-je comme pour me l'avouer à moi-même.
Seulement elle.
Ma réponse illumine quelque chose dans ses yeux, un sourire naît sur ses lèvres avant de doucement hocher la tête et de continuer de laisser mes doigts guider les siens dans une danse. Nous jouons ensemble, les notes s'entrelacent comme nos mains, créant une mélodie apaisante qui semble chasser les ténèbres de mon cœur. Mes yeux se perdent sur nos mains liées entre elles. Sa main est si douce et fine, contrastant avec la mienne, plus grande et plus rugueuse. La délicatesse de ses doigts m'apporte une sensation de calme que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. Chaque mouvement, chaque touche que nous pressons ensemble, semble tisser un lien entre nous.
Je lève les yeux pour croiser à nouveau son regard. Enora me fixe toujours, ses iris émeraudes pleines de douceur. Une émotion nouvelle et réconfortante commence à émerger en moi, quelque chose qui me fait me sentir moins seul, moins accablé par le poids de ma culpabilité.
- Pourquoi t'avoir tatoué les dessins que je t'ai faits ? elle demande soudainement en brisant le silence de la pièce.
- J'en sais rien, soufflé-je en serrant les dents.
Bien sûr que je le savais..
- Quand est-ce que tu l'as fait ? elle poursuit.
- Après le départ de la famille d'Hannah. Quand cet enfoiré a osé lever la main sur toi et que je ne pouvais rien faire, je suis sorti et l'idée m'est venue, je soupire en stoppant de jouer, mais en serrant sa main.
Je sens ses doigts se crisper légèrement sous ma main à l'évocation de ce souvenir, ce qui me fait grincer des dents. Le souvenir de ce connard qui ose s'en prendre à elle et son visage apeuré face à lui me reviennent en tête et me rendent hors de moi.
- Mais pourquoi l'avoir fait ? murmure-t-elle en retenant sa respiration.
Pourquoi est-ce que je l'ai fait ?
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ESMERALDA
RomanceElle pensait être enfin libre, enfin heureuse. Elle avait quitté le monde dangereux auquel elle avait grandi pour mener une vie paisible loin de son père, mais au lieu de ça elle s'est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Elle avait essay...