CHAPITRE 4

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Les élèves doivent réciter un serment de fidélité à l'école chaque matin.

Chiara

Je vais exploser mon ordinateur.
Je grogne quand je jette un coup d'œil à mon téléphone. Cinq heures du matin. Il n'y a que ma mère pour m'appeler à une heure pareille.

La comtesse Ashford est du genre matinal.

Je décroche avant de voir apparaître le visage sévère de ma mère sur l'écran. Ses yeux sont perçants, même à travers la distance numérique.

— Chiara, vous devriez être déjà levée et prête, commence-t-elle sans préambule, avec son ton glacial, si habituel.

— Bonjour, Mère, j'espère que vous allez bien aujourd'hui, je réponds sarcastiquement, il n'y a rien de pire pour me mettre de mauvaise humeur que l'appel de ma génitrice.

— Quelle image croyez-vous donner en étant encore au lit à cette heure-ci ?

Elle ignore comme quatre-vingt-quinze pour cent du temps tous ce que je dis. Je soupire intérieurement mais garde un visage impassible.

— Je suis désolée, mère. J'ai travaillé tard.
— Des excuses, rétorque-t-elle, ses yeux se plissant de mépris. Ton père m'a parlé de cette nouvelle... Astra, je crois. Il est hors de question que ce sale avorton te passe devant. Est-ce bien clair Chiara Ashford ?

Je serre les dents, mais je reste silencieuse, écoutant ses réprimandes habituelles.

— Elle a obtenu une bourse complète grâce à ses supposés talents. Tu dois lui montrer que l'excellence ne se mesure pas uniquement aux notes ou aux recommandations.

— Oui, mère, dis-je mécaniquement. J'ai l'habitude de ses sermons, de ses attentes impossibles. Rien de ce que je fais n'est jamais assez bien à ses yeux.

— Arrêtez de hocher la tête comme une domestique, agissez.  La cérémonie des victoires est très bientôt et je refuse qu'une fille arrivée en milieu d'année ne te vole ta place.

Elle me fixe intensément, son visage figé en une expression de froide détermination.

— Je ferai tout ce qu'il faut pour rester en tête, promis-je, sachant qu'elle attend cette réponse.

— Bien. Souviens-toi que la faiblesse n'a pas sa place dans notre famille. Les parents d'Andreev viennent à notre réception, je pense qu'ils veulent des fiançailles. C'est bien, c'est un bon parti. Prévois un discours et fait semblant d'être extasié, ne me faites pas honte.

Elle coupe la communication sans attendre ma réponse.

Je ferme mon ordinateur, sentant un mélange de frustration et de résignation. La pression constante de mes parents est une ombre omniprésente dans ma vie, une exigence de perfection qui ne faiblit jamais.
Je n'ai pas envie d'épouser Léo, on sort ensemble depuis quatre ans et je l'aime beaucoup, mais je crois que j'ai envie de quelqu'un de différent pour partager ma vie.

Malheureusement ce n'est pas dans les projets de nos parents. Je râle avant de me décider à me lever de commencer ma putain de journée qui me semble déjà interminable.

                     

Je vais m'effondrer de fatigue. Après l'appel de ma mère, je n'ai pas pu me rendormir. Je suis allée m'entraîner dans la salle de danse avant de prendre mon petit-déjeuner. Et comme tous les matins, je me retrouve à prononcer le serment de notre école en cœur avec tous les autres.

— En tant qu'élève de l'école Golden Eagle Institute, je prends solennellement l'engagement de fidélité envers notre communauté éducative et ses valeurs fondamentales. Je promets de cultiver la connaissance avec passion et persévérance, de traiter mes enseignants et mes camarades avec respect et bienveillance, et de représenter dignement notre école dans toutes les occasions. Je m'engage à poursuivre l'excellence académique, artistique et sportive, à contribuer positivement à notre environnement scolaire, et à incarner les principes de justice, d'intégrité et de responsabilité dans mes actes quotidiens. En ce jour et devant mes pairs, je prends cet engagement avec honneur et détermination, pour l'honneur de notre école et le bien-être de tous ses membres.

LA VENGEANCE DU CYGNE NOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant