CHAPITRE 3

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Les élèves ont interdiction de se mélanger dans les dortoirs.

Astra

Ma chambre dans le manoir Elizabeth me met mal à l'aise. Dès mon arrivée, j'ai fait le tour de la pièce deux fois pour m'assurer qu'il n'y avait aucune caméra cachée. Cet établissement est sous surveillance permanente depuis plus de six mois, une nouveauté que je n'avais pas prévue.

Les murs sont ornés de tableaux représentant des paysages paisibles, un contraste frappant avec l'ambiance tendue qui règne à l'intérieur de ces murs. Les meubles, bien que luxueux, ajoutent à mon sentiment d'inconfort avec leur aspect froid et imposant. Le lit, avec sa tête de lit en bois sculpté et ses draps en soie, semble plus un lieu de mise en scène qu'un endroit où dormir.

Je m'assois sur le bord du lit, essayant de calmer mon esprit. Les rideaux épais aux motifs floraux sombres bloquent la lumière du jour, plongeant la pièce dans une semi-obscurité oppressante. Le silence est presque total, interrompu seulement par le tic-tac régulier de l'horloge murale. Ce son rythmé devient rapidement agaçant, un rappel constant du temps qui passe dans ce lieu étranger. J'attrape rapidement l'objet de mon inconfort pour enlever les piles.

Les rumeurs circulent rapidement dans ce genre d'endroit, et je sais que pour survivre ici, je dois rester sur mes gardes. Je me lève et décide de vérifier une fois de plus les coins et recoins de la chambre. Sous le lit, derrière les tableaux, dans les tiroirs du bureau... chaque espace est minutieusement inspecté.

Je m'approche enfin de la fenêtre, écartant légèrement les rideaux pour observer l'extérieur. Le jardin est impeccablement entretenu, un dédale de haies et de fleurs blanches.

Un léger frisson me parcourt lorsque j'entends des pas et des rires dans le couloir dans le couloir. Ma curiosité s'active et j'ouvre doucement ma porte pour voir Chiara contre un mur ses mains sous le tee-shirt d'un type qui doit être le petit prince de cette école.

— Je croyais que les élèves avaient interdiction de se mélanger dans les dortoirs ? Où est-ce que le cygne écarlate est au-dessus des règles de cette école ?

Ils sursautent tous les deux, Chiara me fusille du regard et la rougeur sur ses joues n'est plus du tout du fait de son excitation. Le type renfonce sa chemise avant de me tendre la main avec une arrogance qu'il ne dissimule même pas.

— Leonid Andreev, dit-il d'une voix assurée.
Je regarde sa main avec dédain, est-ce qu'il s'attend sérieusement à ce que je le touche ?

— Sans façon, je ne sais pas où elle a trainé. Si vous pouviez éviter de vous palucher comme des ados en manque devant ma porte, ça serait super. Je n'ai pas besoin d'entendre le remake d'un vieux film porno pendant que je révise.

Je commence à entendre un juron féminin avant de refermer ma porte et de mettre sur mes oreilles mon casque.

Je ferme les yeux un instant, savourant la paix que m'apporte le silence. Mais une curiosité irrépressible me pousse à enlever mon appareil. Je tends l'oreille et perçois des murmures étouffés de l'autre côté de la porte.

— Comment ose-t-elle ? gronde la voix furieuse de Chiara.

— Calme-toi, réplique Leonid d'une voix douce, mais ferme. Elle n'en vaut pas la peine.

LA VENGEANCE DU CYGNE NOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant