Je tiens à préciser que le contenu de ce chapitre ne m'appartient en aucun cas. Il s'agit d'un extrait des Misérables, œuvre de Victor Hugo.
Ce passage étant un de mes préférés, je tenais à le partager...
(L'image en média est issue de l'adaptation en manga par Takahiro Arai.)
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Pour une mise en contexte, cette scène se passe lors de la révolution de juin 1832.
On suit un groupe d'étudiants révolutionnaires nommé les amis de l'A-B-C.
Parmi eux, on peut citer Courfeyrac, Combeferre, Jean Prouvaire, Bossuet et, bien sûr, leur "chef " (du moins celui de la barricade) et non des moindres : Enjolras.
Ici, un groupe de révolutionnaires mené notamment par les personnes citées ci-dessus s'est arrêté rue de la Chanvrerie, devant le cabaret du Corinthe, afin d'ériger une barricade.
Et voici un homme nommé Le Cabuc qui nous est pour l'instant inconnu : ...
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— Camarades, savez-vous ? c'est de cette maison-là qu'il faudrait tirer. Quand nous serons là aux croisées, du diable si quelqu'un avance dans la rue !
— Oui, mais la maison est fermée, dit un des buveurs.
— Cognons !
— On n'ouvrira pas.
— Enfonçons la porte !
Le Cabuc court à la porte qui avait un marteau fort massif, et frappe. La porte ne s'ouvre pas. Il frappe un second coup. Personne ne répond. Un troisième coup. Même silence.
— Y a-t-il quelqu'un ici ? crie Le Cabuc.
Rien ne bouge.
Alors il saisit un fusil et commence à battre la porte à coups de crosse. C'était une vieille porte d'allée, cintrée, basse, étroite, solide, toute en chêne, doublée à l'intérieur d'une feuille de tôle et d'une armature de fer, une vraie poterne de bastille. Les coups de crosse faisaient trembler la maison, mais n'ébranlaient pas la porte.
Toutefois il est probable que les habitants s'étaient émus, car on vit enfin s'éclairer et s'ouvrir une petite lucarne carrée au troisième étage, et apparaître à cette lucarne une chandelle et la tête béate et effrayée d'un bonhomme en cheveux gris qui était le portier.
L'homme qui cognait s'interrompit.
— Messieurs, demanda le portier, que désirez-vous ?
— Ouvre ! dit Le Cabuc.
— Messieurs, cela ne se peut pas.
— Ouvre toujours !
— Impossible, messieurs !
Le Cabuc prit son fusil et coucha en joue le portier ; mais comme il était en bas, et qu'il faisait très noir, le portier ne le vit point.
— Oui ou non, veux-tu ouvrir ?
— Non, messieurs !
— Tu dis non ?
— Je dis non, mes bons...
Le portier n'acheva pas. Le coup de fusil était lâché ; la balle lui était entrée sous le menton et était sortie par la nuque après avoir traversé la jugulaire. Le vieillard s'affaissa sur lui-même sans pousser un soupir. La chandelle tomba et s'éteignit, et l'on ne vit plus rien qu'une tête immobile posée au bord de la lucarne et un peu de fumée blanchâtre qui s'en allait vers le toit.
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Un recueil, tout simplement
Poetryrecueil nom masculin Ouvrage réunissant des écrits, des documents. Exemple : recueil de poèmes. Synonymes : anthologie, arsenal, catalogue, chrestomathie, collection, florilège, morceaux choisis Ceci sera le recueil des textes que j'ai écris, j'écri...
