.32. La boucle

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  ☾

Ylass.

Des erreurs ?

Je n'ai cessé d'en commettre depuis ma naissance. Néanmoins, à chaque fois que je gaffe, je m'assure que cela n'est pas animé par une impulsion puérile ou un comportement de gamin immature.

Cependant, cette fois-ci, je dois dire que le contrôle m'a échappé. Mon pouls revient à la normale, bien que je le force à reprendre une allure correcte.

Je la toise, réalisant peu à peu ce que je viens de faire. Le rouge qui pigmente ses pommettes contraste avec sa longue chevelure rousse. Ses lèvres sont gonflées, son goût de fraise reste agglutiné aux miennes, le temps d'un souvenir.

Je l'ai embrassée.

Je n'arrive pas à digérer ce qu'il s'est produit. Mes bras tremblent, mes sens sont en alerte, comme s' ils sentaient un danger, mais que ce soir il n'existait pas. Ce que je viens de faire est indéchiffrable.

Dans le reflet de ses yeux émeraude, je comprends que je ne suis pas le seul à me réveiller de ce rêve trop imaginaire pour ressembler à la réalité.

Je contracte la mâchoire, mon corps se raidit à cause de la situation. Yennefa détourne le regard, la timidité envahit ses traits. Ce qui vient de se produire n'avait aucun lieu d'être.

J'avale ma salive avec amertume, cherchant le courage de faire ce qu'il faut pour réparer cette erreur. Avant que tout déraille, je brise le silence, réduisant en miettes ce que je ressens.

— Ça ne change rien à ce que j'ai dit, lâché-je sur un ton dépourvu de chaleur humaine.

La rousse plante ses iris dans les miens, sans articuler un seul mot. Elle se contente d'encaisser mes paroles blessantes.

Son regard est aiguisé, mêlé de rancœur cachée sous une apparence froide. La rousse essaie de garder la face, je vois bien la difficulté sous ses airs faussement impassibles.

—  Rien ne change jamais avec toi de toute façon, avoue-t-elle, bouleversée.

Je contracte les mâchoires, admettant son pique trempé de venin. Elle me tourne le dos, plongeant dans le passage de la forêt pour disparaître vers le parking. Lorsqu'elle est éloignée, je passe une main dans mes mèches, basculant la tête en l'arrière.

J'ai pris trop de risques, commis trop d'erreurs. Il n'y a pas de place pour les émotions. Il faut que je la tienne éloignée de ce monde sanglant, de mes pulsions autodestructrices.

C'est ce que je me promets de faire. Il n'est pas question de l'entraîner dans ma chute qui ne saurait tarder.

Cette femme est trop précieuse pour être mise en danger une seconde fois.


***

Deux jours plus tard.


Le liquide coule le long de mon œsophage, enflammant ma gorge d'une chaleur remarquable.

J'ai l'impression que la douleur ne m'atteint plus vraiment, ou du moins, qu'elle ne me perturbe plus.

L'odeur âpre empeste la pièce, mais je suis habituée à sa présence. Son omniprésence me rassure, d'une manière aussi malsaine qu'ordinaire.

Je me redresse de mon siège et me penche vers la table basse pour saisir un nouveau verre. Mais alors que mes doigts s'en approchent, une main vient décaler le récipient transparent.

UNFAIRNESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant