Easy Girl

CHAPITRE 14

-APRILE-

«Un mauvais choix engendre plein de mauvais»

Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Les heures se sont étendues, lourdes, entrecoupées par les bruits de la rue que je n'entendais même plus. Après cette entrevue avec l'homme cagoulé je suis partie acheter d'autres plaquettes, bien plus que nécessaire. Il le fallait... Ce n'était pas une simple précaution, c'était une nécessité absolue pour que la situation d'hier ne se reproduise plus. Je me demande encore pourquoi je me suis laissée faire. Pourquoi je n'ai pas réagi comme je le voulais. C'est ça qui me dérange, cette question sans réponse, ce vide que je n'arrive pas à combler. Mon corps a agi seul...

Ce matin, j'ai non seulement lu le petit mot de mon stalker en m'inquiétant  énormément, mais j'ai croisé Arianna qui elle m'a conseillé, d'une manière presque ferme, de porter plainte contre mon agresseur. Elle m'a parlé de justice, de droit, comme si tout était si simple, comme si le monde ne se compliquait pas dès qu'on mettait le pied dans la machine. Mais c'est Lewis, au final ?  Mais ce n'est peut-être que moi qui me voile la face. Ce pourrait être vraiment lui, et ça me fait presque froid dans le dos. Pourquoi diable je ne me souviens pas de son visage...

Je me suis réfugiée dans l'appartement de Rachel afin de pouvoir sécher. La journée est passée à une lenteur accablante. Mes doigts ont griffonné sans cesse sur le papier, un enchaînement de mots, de notes, d'idées qui n'avaient ni queue ni tête. Je cherchais un lien logique entre le faux blond que et mon stalker. Comment savait-il que quelqu'un me traquait? Depuis cette photo, je n'ai plus eu de nouvelles. Un silence inquiétant, lourd, qui pèse encore plus sur mes épaules.

«- Tu sais quand tu auras les résultats du concours, ma star ? »

Elle est obsédée par ma compétition, par le fait que je gagne, que je prouve que je peux y arriver. Elle croit en moi, plus que je ne crois en moi-même. Elle veut que je réussisse.

«-Non, puis je pense que Klaus ne me dira pas grand-chose s'il le sait... » soufflais-je

Elle m'a tendu une cigarette, et je l'ai prise sans hésiter. Je l'ai allumée et j'ai tiré une taffe. La fumée a envahi mes poumons, mais j'en avais besoin, comme si chaque taffe pouvait faire disparaître un peu de la tension accumulée. Klaus ne cesse de boire ces derniers temps, de plus en plus, et ses coups deviennent plus violents, plus imprévisibles. Je m'efforce de ne pas les montrer, ces marques invisibles sur mon corps. Je ne les laisse voir à personne, sauf à Rachel. Elle seule a ce droit, parce que je lui fais confiance. Une confiance aveugle, peut-être trop, mais je n'ai plus le choix. Elle est la seule à voir au-delà de mes faux-semblants...

Je laisse la chaleur du soleil sécher ma peau, mes pensées flottent, mais je sais déjà ce qui m'attend quand je rentrerai. Pourtant, je me force à repousser cette pensée, à ignorer ce qui m'attend. C'est trop tôt pour y penser, trop tôt pour l'accepter.Elle calera sa tête contre mes jambes puis me demandera à voix basse, presque un murmure : 

«-Ça se passe chez lui d'ailleurs ? »

Je soupire, un peu agacé par la question, mais je réponds sans y réfléchir vraiment. 

«-Il boit de plus en plus, c'est presque flippant » 

Ma voix tremble à peine, mais je sais que mes mots pèsent plus lourd que je ne veux bien l'admettre.

Le son de mon téléphone m'interrompt alors. Un message d'Arianna. Elle m'invite à une soirée chez elle apparemment. Rachel doit avoir reçu l'invitation aussi. Je laisse échapper un petit rire nerveux. Franchement, je n'ai aucune envie de m'y rendre. Les soirées me terrifient maintenant. Et puis, jamais mon père ne sera d'accord. La dernière fois, c'était déjà un exploit que je sois sorti, mais ça ne se reproduira pas. Non, pas cette fois.