UNFAIRNESS

.30. Réunion

⊱♥⊱╮꧁ - Chapitre 30 - ꧂╭⊱♥≺

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Ylass

Un coup.

Puis un autre, bien plus hargneux. Mes poings s'abattent avec précision sur le sac de frappe qui me fait face, bougeant sous mes coups.

La musique qui résonne dans mes écouteurs m'isole dans une bulle de concentration impénétrable. Mon regard ne contourne pas une seule fois la cible rouge. Les impacts se succèdent, ma puissance devenant croissante, et mes jambes ancrées dans le sol pour me permettre un meilleur équilibre.

Je martèle le sac, sentant la chaleur grandir dans mes poings sous l'effet de l'adrénaline. Chaque coup est alimenté d'une énergie incontrôlable, rythmée par la musique qui joue contre mes tympans.

Je poursuis, jusqu'à ce que ma respiration devenue erratique, m'impose une pause, à défaut d'avoir une bonne santé. Je recule de quelques pas, détache mes gants et m'efforce de calmer le rythme déchaîné de mon cœur.

Des gouttes humides perlent sur mon front, se déversant pour attester de mon effort. En décrochant un écouteur, je saisis la bouteille d'eau posée sur une chaise abîmée et la porte à mes lèvres, me désaltérant hâtivement.

Lorsque je repose le plastique transparent, une série de pas diligents résonnent, devenant de plus en plus agaçants. Les murs fragiles amplifient ces bruits, les faisant bourdonner davantage.

–  Je savais que je te trouverais ici, déclare la voix persistante de Priam. Je roule les yeux avant de lui faire face, sa présence m'irritant.

Le blond porte une chemise blanche légèrement déboutonnée au col, ses manches retroussées laissant entrevoir une encre noire serpentant sur ses bras.

Il s'approche alors du sac de frappe, observant ma silhouette avec minutie.

–  Tu n'es plus aussi maigre, remarque-t-il, faisant allusion à mon physique.

Je le fixe d'un regard acéré, comprenant qu'il compare mon l'image actuelle à celle que  j'avais après mon accident. Fragile.

–  Certains évoluent, d'autres stagnent, rétorqué-je en récupérant mes gants de boxe, lui tournant le dos. Priam pouffe un léger rire empreint de vice, exprimant son ton méprisant.

–  Et toi, tu fais partie de quel camp ? ajoute-t-il. Je donne un coup féroce dans le sac de frappe, un sourire à peine esquissé aux lèvres.

–   Tu n'es pas à ta petite réunion ? m'opposé-je, presque sans sourciller. Mon poing s'abat une seconde fois contre le sac, dans un bruit détonant.

–  Il était évident que tu ne te présenterais pas à neuf heures. Elle a toujours été prévue pour midi, répond-il avec une satisfaction non dissimulée.

Me détournant avec dédain de ses paroles, je me défoule sur le punching-ball, frappant avec une violence. En réalité, je n'avais aucune intention de me rendre à cette réunion, et Priam le savait pertinemment.

Il est bien plus de dix heures, et ces discussions de merde m'insupportent.

Pourquoi perdre mon temps à écouter des agents débattre d'une mission qui ne les concerne même pas ?

Les pas de Priam finissent par s'éloigner de moi.

–  Je ne tolère pas tes gamineries, sois présent, me menace t'il plus loin.

J'esquisse un sourire.

–  Ne joue pas au patron avec moi, rappliqué-je.

Priam fait ensuite claquer la porte de la salle, s'en allant.