Prologue

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— Vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de...

Je n'entends plus rien, alors que tout ce que je vois, c'est le rouge éclatant du sang. Le monde semble s'être arrêté, figé dans une scène d'horreur qui me hante déjà. Les sons autour de moi deviennent flous, lointains, comme l'écho d'un autre monde. Je perds pied, la réalité se dérobe sous mes pieds.

— Vous avez le droit... continue le policier d'une voix calme et autoritaire.
— Lâchez-moi !

Mes cris déchirent l'air, mais ils semblent se perdre dans le néant. Des mains puissantes me saisissent, me pousse au sol. Mon crâne heurte violemment le béton froid, envoyant une douleur fulgurante à travers mon corps. Le fluide visqueux qui s'échappe de son corps se répand, et je sens sa chaleur macabre contre ma peau.
Je hurle encore, désespéré, mais c'est comme si personne ne voulait m'écouter, comme si j'étais déjà coupable aux yeux de tous.

Les lumières clignotantes des voitures de police projettent des ombres sinistres autour de nous, rendant la scène encore plus cauchemardesque. Les menottes claquent autour de mes poignets, métal froid et impitoyable. Les visages autour de moi sont fermés, indifférents.

Là où quelques semaines auparavant tout le monde se pavanait, il ne reste plus que de l'horreur et de l'incompréhension.
Je ne comprends pas. Comment avons-nous pu en arriver là ? Mon esprit refuse de l'accepter, de comprendre. Une main sur mon épaule me ramène brutalement à l'instant présent. On me relève avec force, me conduisant vers la voiture de police. Les visages des curieux, des autres élèves, sont marqués par l'horreur et le jugement. Ils chuchotent entre eux, spéculent.

— Elle l'a tuée...
— Comment a-t-elle pu ?

Une colère incontrôlable me saisit, je n'en peux plus.

— Allez tous vous faire foutre ! Vous êtes des menteurs, des hypocrites ! La plupart d'entre vous voulait qu'elle meure !

Rien à foutre que mes paroles m'incriminent, elle avait raison. Le monde est rempli de menteur, il suffit de leur mettre la vérité sous le nez pour qu'ils détournent les yeux, il y a toujours un coupable dans l'histoire.
Mais malheureusement, c'est souvent les innocents qui payent.

Tu n'es pas innocente Trésor. Tu l'as voulu...

Leurs murmures me transpercent, chaque mot un coup de poignard. Je veux crier ma vérité, leur dire que je suis innocente, que je n'ai rien fait. Mais les mots restent coincés dans ma gorge, étranglés par la colère et le choc. La porte de la voiture se referme avec un claquement sec, me coupant du monde extérieur.
Que s'est-il vraiment passé ? Qui est le véritable coupable ?

Une voix qui ressemble trait pour trait à la sienne ne fait que tourner en boucle dans ma tête ajoutant une peur indescriptible en moi.

Tu sais très bien. C'est toi, c'est ta faute. Assume maintenant.

LA VENGEANCE DU CYGNE NOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant