THOSE WE LOST

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓

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High Enough - K.Flay

KAITH

– Tiens Kaith !

Silvana s'assoit sur mes jambes en me tendant un verre. Je la remercie d'un simple signe de tête pendant qu'elle se tortille pour trouver une position confortable.

Loin de remarquer à quel point je suis déjà dans le cirage, elle fait claquer son gobelet contre le mien, et boit son contenu presque d'une seule gorgée.

Je la regarde faire, médusé, mais aussi complètement défoncé.

Je ne suis pas sorti de chez moi depuis une semaine. Quand Zale m'a proposé que nous allions à cette fête, organisée par l'une des confréries de la fac, je me suis dit que ça ferait une bonne occasion d'enfin voir autre chose que les quatre murs de mon appartement.

J'y ai passé presque cinq jours.

Je tournai en rond, ressassant en boucle la scène de ma rencontre avec ma stalkeuse, me rappelant à quel point le moindre de mes muscles s'est pétrifié en sa présence. Même si elle n'a pas regardé un seul instant dans ma direction, moi, j'ai retenu les traits de son visage, et ils hantent mon esprit depuis.

Je pensais ne pas la connaître. En fait, j'ai longtemps douté du fait que ce soit elle, la personne qui me surveille depuis des semaines. Pourquoi une parfaite inconnue perdrait-elle son temps à observer le moindre de mes faits et gestes ?

Après avoir réfléchi plusieurs heures en fixant mon plafond, repassant toutes les fois dans ma vie où j'ai pu être un connard avec une femme, j'en suis venu à la conclusion que ce n'est ni un coup d'un soir agacé que ça ne soit pas allé plus loin, ni l'une de mes exs. Je n'en ai pas eu beaucoup, je me rappelle de chacune d'elles, et jamais cette fille aux cheveux blancs n'en a fait partie.

Je n'avais aucune autre foutue idée de qui elle peut-être.

La seule autre hypothèse valide, c'est qu'elle soit une tarée qui me stalke uniquement pour satisfaire un plaisir malsain et dégueulasse, mais je n'ai pas envie de croire en cette possibilité. Non, c'est quelque chose de plus important que ça, et même si je ne suis pas du genre à avoir peur facilement, savoir que quelqu'un surveille tous mes faits et gestes me fout les jetons.

Et puis un soir, alors que je venais de m'enfiler une demi bouteille de whisky, que j'étais sur le point de m'endormir, son visage s'est encore une fois imprimé sur ma rétine. Mais ce n'était pas l'image habituelle d'elle se tenant près du comptoir du café, non, cette fois, elle était sur une photo, dans un cadre bleu quelque part.

Je ne sais toujours pas si c'est le fruit de mon imagination, une image inventée de toute pièce par mon cerveau pour lui trouver une bonne raison de me stalker ou si c'est un souvenir bien réel, et au fond, je pense que j'aurais préféré ne jamais me rappeler de ce putain de cadre bleu.

Depuis, je ne fais que ressasser, chercher sans réussir à me souvenir, et je commence à devenir taré moi aussi, à force de tourner en rond.

– Tu bois pas ?

Silvana me sort de mes pensées. Ses yeux bruns encadrés de cils épais me fixent, essayant de sonder ce qu'il se passe dans ma boîte crânienne.

– Si, je répond distraitement avant de prendre quelques gorgées.

J'avais espoir que ça suffise à distraire son attention, mais elle continue à me regarder avec insistance. Silvana n'est pas détestable, bien au contraire, mais ce soir, ce n'est vraiment pas le moment de me casser les burnes avec ses questions à la con. Quand elle soupçonne quelque chose, elle n'est pas du genre à lâcher l'affaire.