Chapitre 1

50.9K 2.1K 37
                                    

Quand le réveil sonne je me sens totalement crevée .
Je n'ai presque pas dormi de la nuit.
J'ai compté les heures, j'ai passé la nuit à me tourner et me retourner dans mon lit sans arriver à trouver le sommeil.
Il a plu toute la nuit, et le vent, ce satané vent n'a pas arrêté de souffler. Je crois que cette journée va être longue, très longue. Je ne sais pas si c'est l'excitation de voir le poulain de ma magnifique Kalinka ou l'angoisse de cette date d'anniversaire mais la nuit a été plus que courte et bien évidement le sommeil m'a emporté deux heures avant que le réveil ne sonne.
Quoi qu'il en soit, je n'ai pas assez dormi.
Une boule dans le ventre m'empêche de me détendre pourtant il est 6 heures et il faut que je sorte du lit.
Je me traîne jusqu'à la salle de bains, et l'image que me renvoie le miroir est plus que décevante .
Je ressemble à un zombie .
Les marques sombres sous mes yeux ne seront pas aussi faciles à cacher avec l'anti-cerne que la pub veut bien nous le faire croire. Je m'énerve définitivement sur ma crinière brune.
Bon Il faut le dire mes cheveux sont tellement en pétard que l'on croirait que je me suis coincé les doigts dans une prise électrique .
J'ai de long cheveux châtain avec des reflets caramel, d'une épaisseur épouvantable, papa me disait toujours qu'ils étaient plus solide que le crin de cheval.
Cette pensée me fait sourire, il adorait mes cheveux et prenait le temps de me faire une tresse pour aller dormir, je peux voir mon regard ce voiler dans le reflet que me renvoie le miroir , une larme s'échappe et roule sur ma joue.
Mais ce matin ils ont décidé de faire de la résistance, je perds patience et fini de m'acharner sur ma crinière qui de toute façon ne veux rien savoir, d'un geste vif je me fait un chignon avec un magnifique effet pas coiffé, ma grande spécialité et je file sous la douche.
Même la cascade d'eau chaude ne réussi pas à me détendre, je me savonne rapidement, mais efficacement, la salle de bains embaume le gel douche à la mure, mon préféré. J'attrape une serviette, m'enroule dedans et retourne dans la chambre. J'enfile un jean, le premier T-shirt sur la pile dans l'armoire et ma veste polaire bleue ciel.
Un petit regard dans ma glace sur pieds près de la porte... je suis tellement banale, toujours le même look!
Un look pas top mais ces vêtements sont surtout très pratique, je ne me vois pas déambuler dans les écuries en robe et talons aiguille. En y regardant bien je trouve que mon jean est plutôt moulant et met ma cambrure de reins en valeur mais il faudrait que je sorte pour rencontrer quelqu'un, je ne vais tout de même pas rester seule indéfiniment. Il a toujours été hors de question que je mélange le travail et la vie privée.
Oh et pourquoi penser à ça ce matin? De toute façon depuis LUI, personne ne m'a jamais intéressé.
En moins de temps qu'il ne faut pour le dire j'avale mon café, j'attrape ma grosse doudoune au porte-manteau de l'entrée et saute les trois marches du perron en direction de l'écurie des poulinières.
Une rafale de vent vient me fouetter le visage, vivement la fin de l'hiver, je déteste cette saison, et celui ci est particulièrement long, nous sommes fin mars et le soleil ne montre toujours pas ses premiers rayons du printemps.

     Je quitte la maison, grande longère en pierres qui domine une jolie cour en U, pour entrer dans la " petite" aile, composée de dix boxes où se trouvent les poulinières .
En ce moment elle sont sept juments pleines, dont trois vont bientôt pouliner. Mais depuis hier soir l'excitation gagne tout le personnel, surtout moi, ma jument est sur le point de mettre bas son premier poulain.
Kalinka est une très belle jument pur-sang de huit ans, elle a eu un début de carrière honorable, elle était régulière et progressait bien mais malheureusement j'ai dû arrêter de la faire courir suite à une entorse du boulet.
Ma magnifique jument, bai aux reflets pétrole est issue d'une lignée impressionnante de gagnants et j'espère avoir choisi le bon étalon pour la saillie.

- Oh non! non!!
Je crie plus que je ne parle, et pourtant je regrette déjà d'avoir parlé à voix haute.
Mon sang ce glace à mon arrivée dans son box, je suis prise de sueurs froide, mes jambes flageoles.
Le vétérinaire est là et parle avec Hubert, le chef d'écurie.
Je ne comprend que trop bien la situation, la mise bas est trop longue, Hubert est resté toute la nuit près d'elle. Hier soir je pensais que la mise bas n'allait pas tarder, il fallait que je dorme un peu, j'ai ma journée à assurer avec les lots de chevaux à entraîner. Il fallait que je me repose, je croyais que tout ce serait bien passé.
Pourquoi Hubert ne m'a pas appelé?
Je n'arrivais pas à dormir, j'aurais dû venir voir, m'assurer que tout était ok.
Je tremble comme une feuille, j'ai peur de craquer, c'est de la folie cette histoire, je n'y arriverais pas. Pas toute seule, pourquoi papa n'est plus là et Samuel...

L'empriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant