☾
Ylass.
La fumée s'élève en volutes paresseuses, comme un poison qui contamine l'air.
Je tire sur ma cigarette électronique, un ridicule réconfort en espérant que ça remplisse le vide. Mon téléphone sonne en boucle pour pulvériser mes tympans.
Je l'ignore, comme toujours.
La nuit est paisible, c'est le seul moment où l'humanité se tait. Il n'y a plus personne pour déblatérer ses conneries car le silence nébuleux ne trahit pas.
Je retiens un juron alors que quelqu'un toque à la porte. Les pas que je fais sont lents, et quand je tire la poignée, une brune se dresse devant moi.
Son visage, aux traits mélancoliques, me dit vaguement quelque chose.
Elle me regarde avec une intensité que je ne lui rends pas et je la toise comme on regarde une coupable.
— Tu t'es perdue ? je tranche d'un ton sec.
Elle attrape sa lèvre inférieure entre ses dents. Ce tic, je l'abhorre jusqu'à la moelle.
— Je voulais te parler... C'est important.
Elle jette un œil derrière moi, comme si elle attendait une invitation à entrer.
Évidemment, je n'en ai aucune envie, pas même un grain de volonté. Je finis par céder, par lassitude plus que par compassion.
Les femmes sont parfois lourdes.
— Trois minutes.
Elle entre, rabattant une mèche de cheveux d'un geste censé montrer sa gêne. Néanmoins, je n'y vois rien. Je ne m'occupe pas d'elle, comme si sa présence s'était évaporée dans l'air.
Alors je me laisse tomber sur mon lit en me désintéressant de la situation. Je ne ferme pas la porte derrière moi, par mesure de sécurité. Au moment où mon dos retrouve le matelas, j'entends un claquement.
Sourd. Criard.
Je la fusille du regard.
— Rouvre cette porte.
Pas de réponse, elle avance.
— Je sais qu'on ne se connaît pas vraiment, mais... tu me hantes, Ylass. Je t'ai invité à une soirée, j'ai essayé de te parler, mais tu me repousses tout le temps. Là, j'ai besoin de réponses.
Je me redresse du lit et elle se rapproche, comme si l'idée même du rejet ne l'effleurait pas.
Je commence à me liquéfier.
Pas à cause d'elle, mais à cause de ce que ça déclenche.
L'intrusion.
Sa main hésite à se poser sur mon torse. Mes mâchoires se contractent, je la repousse.
— Je te plais ? Une réponse, et je pars.
Mon regard la parcourt, malgré moi. Son débardeur plongeant est tout sauf subtil.
Je détourne les yeux, écœuré par le spectacle de cette stratégie.
— Non. Si c'est tout ce que tu as à me dire, dégage.
Elle bat des cils.
— Même pour... une nuit ?
Bordel.
— Je ne me répéterai pas.
L'irritation me gagne, je lui lance un regard plus que sérieux.
Elle comprend, et ses paupières se remplissent de larmes. Mais à cet instant là, la porte tremble à nouveau.

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UNFAIRNESS
General FictionDans une ville où la forêt s'impose, des atrocités sommeillent, enterrées entre la terre et les ronces. 𝐘𝐞𝐧𝐧𝐞𝐟𝐚 𝐂𝐨𝐰𝐞𝐥𝐥, une âme tourmentée, s'efforce de fuir ses blessures. Parmi ses souvenirs douloureux, celui d'une nuit tragique : le...