.19. Ta vérité contre la mienne

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Yennefa.

Un vent cinglant s'immisce sous mes tissus, érigeant les poils invisibles de ma nuque.

Je m'accroche à ma veste cuirassée, mes bras ondoyant à l'intérieur.

Sous le firmament dégagé, j'attrape ma lèvre inférieure entre mes dents pour les empêcher de claquer entre elles.

Le voyage à été long, des cernes creusent mon visage.

Mes doigts congelés se resserrent autour de la poignée de ma valise, tâchant de me concentrer sur autre chose que le frimas qui engourdit mes membres transis.

— Je ne m'attendais pas à ces températures, s'apitoie Pénélope en frottant furieusement sa paume contre son bras, une vaine tentative pour se réchauffer.

Maeve est attelée à prendre des photos, ne daignant même pas répondre à la plainte de notre amie.

— Il fait vraiment froid, je réponds.

Entre les exhalaisons et le vent, un car pourpre et rutilant émerge du décor.

Tous les étudiants se rassemblent et nos deux professeurs nous enjoignent de monter à bord. Lorsque je suis installée à l'intérieur, je visse mes écouteurs dans mes oreilles.

Le véhicule fait gronder son moteur, puis s'ébranle sur la route.

Mon attention est absorbée par ce qui nous entoure, j'en profite pour contempler la vue, tandis que la majorité des étudiants prennent des photos.

L'ambiance anglaise n'a rien à voir avec celle de Shatwood. Le car glisse à travers une zone presque déserte.

Puis, à l'approche du cœur de Londres, le paysage se métamorphose. Les structures se mêlent à une danse d'ancien et de nouveau.

Les bâtiments s'élèvent, altiers, gothiques, et parfois même médiévaux, chargés d'histoire.

Quant aux rues, étroites et sinueuses, elles serpentent entre des maisons aux façades bigarrées. La ville de Londres est empreinte d'une élégance rare.

Tout semble différent, et pourtant, l'ensemble s'accorde en une harmonie poignante.

Une fois Big Ben abandonné derrière nous, le car nous dépose devant un bâtiment à la façade bleu clair.

Armés de nos valises, nous pénétrons dans la bâtisse. Des chuchotements montent derrière moi tandis que j'ausculte les lieux.

Une réception trône en face de nous, vers laquelle nos deux magisters s'acheminent.

Je pivote le menton vers la droite, discernant une grande entrée qui s'ouvre directement sur le réfectoire. Puis, à ma gauche, le rez-de-chaussée s'étend, orné d'une rangée de canapés sombres, dressés face à face.

Cette salle, commune et opulente, attire immédiatement mon regard.

Juste à côté des canapés, j'aperçois la silhouette d'un bar intégré qui longe le mur.

Devant lui, une dizaine de tables semblent être destinées à la ripaille des résidents.

J'arque un sourcil, pressentant la ténacité des soirées que certains étudiants paraissent déjà convoitées.

Lorsque je plisse les yeux, je distingue, au-delà du bar et du salon, une porte qui doit mener à une autre pièce.

Mon regard revient finalement à ce qui se dresse devant moi : deux escaliers de bois, symétriques, s'élèvent de part et d'autre du bureau qui fait office de réception.

UNFAIRNESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant