3. La miraculée (ou maudite)

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Prudence

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Prudence

"Chère vie (de merde),

Tu ne m'accordes même pas le droit de reposer en paix et pour ça, je t'en veux à mort. Vas-y, crève par toi-même.

Avec toute ma rancoeur.

Prudence"

Après plusieurs tentatives infructueuses, j'arrive enfin à soulever mes paupières qui semblent aussi lourdes que du plomb. Comme si ça ne suffisait pas au niveau des sensations désagréables, un terrible mal de tête me lance jusqu'aux tempes, tandis que ma gorge est aussi sèche que le point le plus aride de la planète... à savoir le désert d'Atacama au Chili, paraît-il.

Même dans le coaltar, tu sors des trucs dont tout le monde se fout !

Pas faux.

Autour de moi, tout est flou. Le paysage se réduit en une mosaïque de formes et de couleurs indistinctes. Il faut que je papillonne des cils de longues secondes pour enfin dissiper le brouillard qui enveloppe ma vision.

Peu à peu, les contours de la pièce se précisent. Des murs blancs, des étagères métalliques, le murmure étouffé des conversations lointaines... D'une lenteur presque mécanique, je déplace mon bras sur la droite et ressens le froissement d'un drap disposé soigneusement sur moi, me faisant prendre conscience que je suis allongée sur un lit d'hôpital. Une forte odeur d'antiseptiques infiltre mon nez et m'arrache une grimace de dégoût.

Beurk.

Bien que je demeure dans un état de semi-conscience, je remarque la présence d'une perfusion insérée dans l'une des veines de mon bras. Apathique, je parcours des yeux les fils qui me relient à une machine que je trouve effrayante.

C'est quoi ce bordel ?

Que s'est-il passé ?

Mes souvenirs restent vagues, noyés sous des flots hurlants qui entravent toutes mes capacités de réflexion. J'aspire une grande goulée d'air et essaye d'ignorer le bip incessant de l'électrocardiogramme. Au bout d'une petite minute, quelques fragments de mémoire commencent à émerger des eaux troubles. Je redouble d'effort pour me concentrer et tout finit par revenir au fur et à mesure.

Je me rappelle du lac sombre et lugubre, l'obscurité qui m'entourait alors que je m'enfonçais dans les profondeurs, mes poumons gorgés d'eau, ma lutte désespérée pour éviter de remonter à la surface et puis... plus rien.

Le néant total.

Franchement, ça craint.

J'ai voulu me tuer et me suis loupée ? La honte. Même pour ça, je m'y prends mal !

Qu'est-ce que je fiche encore ici bon sang ?

Quand le poids de cette question s'abat sur mon crâne, je me redresse vite, mon rythme cardiaque s'emballant d'après la machine. Toutefois, mon mouvement a été trop précipité et j'ai d'ores et déjà un vertige qui me cloue au lit et me fait refermer les yeux.

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