CHAPITRE 3

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-APRILE-

Je me trouve dans une situation délicate, entouré par des camarades de classe qui semblent tous avoir leur propre agenda. Marie Fisher, avec son attitude provocante, est une source constante de tension. Chaque fois qu'elle ouvre la bouche, je sens une vague de frustration monter en moi. Bon, je ne vais pas me plaindre, je préfère sa violence physique plutôt que la violence psychologique d'Emelia, c'est très dur à encaisser parfois... Comme si chaque mot pouvait déclencher une explosion.

Le cours de M. Ezol, sur le fonctionnement du subconscient, devrait être un moment d'apprentissage enrichissant, mais la dynamique de la classe le rend presque insupportable. Les remarques désobligeantes de Fisher commencent à devenir une habitude dans ce cours, et ce prof de merde ne dit absolument rien. Je me demande pourquoi M. Ezol ne prend pas position, pourquoi il laisse Fisher s'en tirer sans conséquences. Peut-être parce qu'elle lui a donné une somme plus que raisonnable afin qu'elle puisse faire ce que bon lui semble ?

En repensant à mes années au collège et au lycée, je réalise que le comportement de Fisher ne serait pas nouveau. Elle a toujours su manipuler les profs jusqu'au principal à son avantage, utilisant son charme et sa richesse pour éclipser les autres. Cela me rappelle que, dans ce monde scolaire, le pouvoir et l'influence ne se mesurent pas seulement en termes de compétences académiques, mais aussi en fonction de l'argent et de la popularité. Elle doit être l'une des plus riches de la classe.

Je ne pouvais plus trop cacher qui j'étais avec une perruque, des lentilles ou un style vestimentaire contraire à moi-même, puisqu'elle savait qui j'étais. En revanche, lui ne le sait pas. Ce gros psychopathe n'est pas dans ma classe, étant dans une classe supérieure, et cela me convient parfaitement. Je continuerai avec ce stratagème de camouflage en espérant qu'il ne me grillera pas.

La sonnerie retentit, marquant la fin de cette première journée, mais aussi le début de mon calvaire. Je savais déjà à quoi m'attendre en rentrant, et j'ai la nausée en y repensant. Je suis convaincue qu'il s'est préparé à cela depuis que j'ai été acceptée. Il agit délibérément, sans aucune hésitation. Mes notes étaient catastrophiques, mon comportement désastreux, et j'ai à peine obtenu mon bac. Il a toujours voulu me garder proche de lui, comme s'il n'avait pas eu l'occasion de me frapper durant mes années de lycée. Peu importe où je vais, il sera toujours là, dans l'ombre, prêt à me rappeler à quel point il a marqué ma vie et à quel point il le fera encore et encore.

Je suis faible...
Très faible...
Je ne suis pas forte, mais désespérée.
Me retrouvant seule dans l'amphi, la porte encore ouverte, je décide de chercher mes plaquettes de médicaments, sans succès. Je commence à paniquer. Où se trouvent-elles ? Est-ce que je les ai laissées aux toilettes ? Suis-je inconsciente ? Quelqu'un me les a volées ?! Mon souffle devient plus court, mon rythme cardiaque s'accélère et ma vue trouble ne m'envoient que des signaux de crise de panique. J'en ai besoin, ils sont où, bordel ? Juste un, merde.

Je regarde autour de moi comme une folle paumée.
Il faut que je me calme, je tente de respirer profondément, cherchant à me détendre et à trouver une solution. Je suis sûre de n'avoir pris qu'une seule plaquette entamée aux toilettes, alors où seraient les autres ? S'ils ne sont pas aux toilettes, ont-ils été dérobés ? Mais qui ça pourrait être... Respire, profondément. Comment ?
Quand ? Qui ?

Je souffle, cette fois agacée, mais je sursaute rapidement, ne faisant plus bouger aucun membre de mon corps lorsque j'entends une voix masculine derrière moi.

«– Je peux t'aider ?»

Je reconnais sa voix. C'était l'homme de ce matin. Ses cheveux étaient encore plus décoiffés, et sa chemise était toujours fermée, sauf pour trois boutons. Il tenait sa grosse mallette, et ses yeux, ceux-là, me faisaient vraiment peur. Qu'est-ce qu'il me veut encore ? A-t-il le droit de rentrer ici, même ? Je n'ai vraiment pas le temps... J'ai besoin de mes putains de médocs.

«-Miss je te cause tu sais ?» ricana-t-il.

Je me racle la gorge. Je ne sens plus mes jambes, mes membres se paralysent petit à petit et je sens des gouttes perler le long de mon front. Putain de merde... Je retourne la tête vers lui tel un robot et lui fais un grand sourire.

«-Je.. Je t'avais pas vue... désolé !, finis-je par mentir.»

Je l'entends rire sincèrement, j'ai l'impression d'être une bête de foire à cet instant précis.

«-Vraiment ?

-Vraiment., répondis-je à présent sur de mon mensonge.»

Je bascule mon regard au sol en espérant retrouver ma plaquette. Si cela se trouve, elles sont vraiment aux toilettes..?
Je sens son regard perçant et sombre sur moi, il ne croit pas en mon mensonge... Je l'entends sortir quelque chose de sa poche. Au vu du bruit d'aluminium que je connais par cœur, j'ai envie de mourir...

-«Au fait, commença-t-il. Tiens. Je devine bien que c'est à toi?»

Cette fois-ci, je relève mes iris sur lui, pour être entièrement sûre de ce qu'il allait me donner. En les voyant, je récupère toute la mobilité de mon corps et accourt pour les lui arracher presque immédiatement des mains. Ce sont bel et bien mes médocs.

«-Ils étaient où ?, soulignai-je ma question avec agressivité.

-Dans la poubelle des vestiaires, dit-il en levant le pouce pour montrer derrière son épaule. D'ailleurs tu mens divinement bien miss ! Se moque le blondinet.

-Va te faire foutre toi et ta bande de copains ! l'accusait-je ensuite »

Il me regarde à présent comme s'il n'arrivait pas à saisir ma phrase. J'espère que tu comprends bien, ducon !

-«Rien que ça ? Pff.., tu as mauvais goût miss, affirma-t-il en détournant le regard.

-Ta gueule, je sais très bien que vous vous amusez à me les voler ! Puis arrête de m'appeler comme ça !»

Je le pousse sur le côté car sa carrure me bloque le passage et avance sans ajouter d'autres éléments. Je dois me dépêcher pour éviter que l'un des profs ne me tue à nouveau. Peut-être qu'il est populaire, que les profs lui donnent les meilleures notes de la classe et qu'il a un corps d'athlète, mais mis à part ça, il est mature comme un gamin de 4 ans qui ne sait pas faire une teinture correcte.
Mais je remercie son intelligence, bloquée à un certain âge, quand même, de ne pas avoir poussé plus loin les explications...

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En sortant du lycée, je reçois un appel de Rachel.

«- Aprile ça va ? Je te récupère toujours ce soir ? me redemanda-t-elle peu sûre.

-Oui, n'oublie pas les clopes s'il te plaît, j'en ai vraiment besoin, ma journée commence vraiment mal..

-Promis cop's, bye bye ! cœur sur toi !»

Elle raccroche et je range mon téléphone dans ma poche arrière le temps de rentrer chez moi. Prise dans mes pensées, je stresse. Dans trois jours, au Vermillion's Jack, je vais me faire filmer pour participer à un concours de danse. Étant danseuse principale pour la boîte, je n'avais pas le choix d'y participer. De plus, la boîte doit gagner le gros lot, évidemment, cela me rend convulsivement nerveuse.
Généralement, je n'ai aucun problème à danser devant des gens, même des garçons, tant que le lycée n'en sait rien, mais le fait que je sois jugée pour mes performances et mon corps suffit pour me stresser au plus haut point. Je n'ai pas un très beau corps et je le sais, mais je vais tout miser sur la performance !

Donc, dans trois jours, j'espère faire bonne figure au nom de toute la boîte dans laquelle j'ai passé le plus de temps.

Easy Girl Où les histoires vivent. Découvrez maintenant