.17. Le duo de haine

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Yennefa.

La bibliothèque est plongée dans un calme ambiant, exempte de bruit.

Ma jambe frémit sous la table, mes cahiers sont dispersés sur la table tandis que je dévisage le North Carolina General Statutes, qui regroupe un volet sur le droit pénal.

Un soupir s'échappe de mes poumons, je jette un regard à mon téléphone.

Il a dix minutes de retard.

Chaque seconde, chaque minute qui me sépare de sa présence est tissée de remords.

Je masse l'arête de mon nez, et du coin de l'œil, j'aperçois Nath qui file entre les rayonnages.

La bibliothèque universitaire est déserte.

À près de dix-neuf heures, les étudiants s'éclipsent progressivement, l'un après l'autre.

Je me résigne à l'appeler, mais au moment où je suis sur le point de déverrouiller mon écran, un pas lent m'interpelle.

Ylass émerge et se tient face à moi.

Son regard affûté et chargé de dédain me toise, il plaque ses mains contre la table.

Je resserre ma prise sur le crayon, les mâchoires vissées. Le temps s'étire, il reste statique, incliné légèrement.

Puis, d'un mouvement lassé, il s'intéresse à mes affaires dissipées. Un sourcil s'arque sur ses traits, furtivement.

— T'es vraiment ponctuel, je tranche, la voix sèche.

Ylass plante son attention sur mes lèvres sans la moindre retenue.

Un frisson serpente le long de ma colonne vertébrale, mais aussitôt, son attention revient sur mes documents.

— Et toi, du genre désordonnée, il atteste.

Je me renfrogne tandis qu'il tire une chaise et s'installe sur ma gauche.

Le brun ébène s'affale dans le siège, les bras croisés sur le torse, le regard inquisiteur.

— Tu attends que le travail tombe du ciel, je suppose ? je l'interroge d'un ton maîtrisé.

Un sourire aux lèvres, il claque la langue contre son palais, sa pomme d'Adam suit le mouvement. 

Mais alors qu'il s'apprête à lancer une remarque ironique, son attention est attirée par la vibration de son téléphone.

Il dévisage l'écran avec une attention soudaine, et lorsqu'il repose l'appareil, l'homme en face de moi change.

Il se décompose.

Son visage s'est assombri, comme obscurci par une ombre invisible.

— Je n'ai pas toute la soirée. Dis-moi ce que je dois faire qu'on en finisse, lâche-t-il avec un froid impartial.

Je bats des cils.

— C'est toi qui oses me dire ça alors que tu n'es même pas à l'heure ?

Le ton que j'emploie est acéré. Je ne prends pas la peine de masquer la rancune qui me ronge.

Il ne répond pas, saisissant une feuille au hasard parmi celles éparpillées. Ylass la survole, les boucles indolentes de ses cheveux retombent derrière ses oreilles.

En le laissant prendre connaissance du sujet, je lève les yeux, croisant alors ceux de Nath. Il s'attarde sur moi, puis esquisse un sourire lumineux.

Le blond dévisage ensuite Ylass avant de replonger dans le rangement des livres.

UNFAIRNESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant