CHAPITRE 2

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«Le destin ne fait jamais quelque chose
part hasard »

-APRILE-

Le chant paisible des oiseaux me berce en ce début d'après-midi. J'écoute ma musique, assise contre un mur dans le parc d'à côté, et mon corps est complètement couvert de mon gros manteau noir qui n'a plus toute sa jeunesse devant lui.
Les yeux fermés, je me réjouis de ce beau temps que j'ai peu l'occasion de ressentir. Il faisait certes froid, mais beau. Oui, le temps était en ma faveur aujourd'hui.

Je suis assise sur un banc, le carnet ouvert devant moi, les pages blanches attendant que je les remplisse de mes pensées. Cela fait déjà deux bonnes heures que je dessine, tentant de capturer sur papier ce que je ressens. Les mots s'entremêlent dans mon esprit, et j'essaie de les mettre en ordre dans mon journal. Mais une ombre plane sur moi, une peur sourde de rentrer dans cette maison ce soir. Personne ne semble s'en soucier, sauf Rachel qui s'inquiète pour moi.

Ses messages incessants résonnent dans mon téléphone, mais je me sens tellement distante. Pourquoi suis-je si faible face à lui ? Cette question me hante, surtout quand je pense à ce qui s'est passé. Mes pensées se bousculent, entre l'angoisse et le besoin de me libérer de ce poids. Dans ce moment de solitude, je réalise à quel point les émotions peuvent être complexes, et combien il est essentiel d'avoir quelqu'un sur qui compter, même si je me sens si perdue. Je remercie Rachel de remplir minutieusement cette tâche.
Peut-être que si j'étais plus forte, si je savais me défendre, il n'aurait pas à me vio...

Je suis plongée dans mes pensées quand je reçois un message d'un numéro inconnu. Mon cœur s'emballe un peu, et en le lisant, je sais très bien de qui cela vient. C'est comme si un frisson parcourait mon corps. La familiarité de ce message me fait réaliser à quel point l'année sera encore plus dure que ce que je pensais.

« On t'attendra sagement devant l'entrée, salope. »

Je me demande ce qu'elles veulent vraiment, et une part de moi est impatiente de répondre, tandis qu'une autre part hésite, consciente des complications que cela pourrait engendrer. Si je réponds, je leur donne raison ; si je ne réponds pas, elles vont croire que ça m'intimide.

Je décide de leur laisser un vu et regarde l'heure. Il était temps. Je me lève, range mes affaires et en sors d'autres. Il est hors de question d'être reconnue par elles et surtout lui, qui a l'air de savoir tout sur tout. J'enfile une perruque blonde à frange rideau longue, les cheveux m'arrivant maintenant en bas des épaules. Je mets ma paire de lentilles vertes et je suis prête à y aller. Mon style vestimentaire est le contraire de ce que je portais actuellement. Une robe décolletée et des bottes en simili cuir à talon m'arrivant juste en dessous des genoux. Je ne portais aucunement cela d'habitude, mais je n'en avais pas le choix. Je me demande si je vais réussir à passer inaperçue et si cette nouvelle apparence me permettra d'échapper à ce gars chelou. Je m'en fiche du trio de merde, qu'elles m'insultent ou me jugent, je m'en fiche.

En arrivant devant Ambrosia, j'admire les alentours. Je me tiens devant l'université imposante, entourée de nombreux arbres qui apportent une touche de verdure. Les feuilles bruissent doucement sous la brise, créant une atmosphère apaisante. La lumière du soleil filtre à travers les branches, projetant des ombres dansantes sur le sol. Ça faisait très nature et médiéval en même temps, on dirait un château.

Je sors de ma rêverie quand je me fais bousculer. Mes pensées s'évanouissent brusquement, et je ferme les yeux, essayant de me calmer face à ça. Mon irritation monte alors que je regarde celui qui m'a heurtée. Ces bourges sont-ils si mal éduqués ?
C'était un homme très grand, avec des cheveux blonds qui tombaient légèrement sur son front. Il portait une chemise ouverte, ce qui lui donnait un air décontracté, voire désinvolte. Sa grosse sacoche, qui semblait presque disproportionnée par rapport à lui, attire mon attention. Je me demande qui est ce gros bougre qui a interrompu ma tranquillité. Est-ce juste un passant distrait ou un gros connard ?

«-Excuse toi peut-être ?» commençai-je

Son regard se pose sur moi, et j'eus des frissons. Ses iris verts contrastent avec sa coloration blonde. Il était sans doute brun avant. Un sourire se dessine sur son visage, et cela me trouble encore plus.

«-T'es qui au juste ? Tatianna ? Ah nan c'est celle que j'ai baiser hier soir ça... Mais aussi t'es blonde-

-Laisse-moi réfléchir, t'es le genre de fille facilement baisable ?

-Pardon? »

Je me relève rapidement, stupéfaite. Alors, c'est ça la mentalité de ce gars ? Baiser, baiser et encore baiser ? Mais c'est qui, au juste ? J'hallucine...
Je croise mes bras et me mets en face de lui, déterminée à comprendre ce qui se passe dans sa tête. Je ne peux pas croire qu'il pense que tout se résume à ça. Mon regard se durcit davantage.

«-Tu t'appelles comment, il ne me semble pas t'avoir déjà vue ici » renchérit-il

-Je peux te poser la même question ?

-Dis-moi d'abord le tiens ? »

La discussion commençait à me tendre. Tout ça, juste parce qu'il m'a bousculée ?
Je souffle et pars sans rien dire de plus, oubliant pourquoi nous nous étions adressés la parole. L'irritation monte, et je me demande si j'aurais dû rester pour clarifier les choses. Mais à ce moment-là, je préfère m'éloigner et laisser ce moment et ce con derrière moi.

Voyant qu'il ne me rattrape pas, je respire enfin. Il était bientôt l'heure des premiers cours, alors je file au bureau de Monsieur Ezol, qui est apparemment mon professeur de philosophie, afin de demander ma salle actuelle.
Tout se passait bien, je n'avais pas encore eu affaire au trio maléfique, même avec mon déguisement. Je ne sais pas si elles seront dans la même filière que moi, et je n'espère pas. J'espère seulement que le con de tout à l'heure ne viendra plus me faire chier et que je ne tomberai pas sur elles.

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