.03. La mauvaise rencontre

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Trois jours plus tard.
Maison des Hooper.

Yennefa.

Le vent haletant est presque perceptible à travers la fenêtre, flagellant les arbres qui cernent Shatwood. Un ciel dégagé illumine doucement la ville, nous rappelant aussitôt que la nuit s'apprête à plonger la terre dans son énigme mélancolique.

Mes cils battent entre eux, éloignant mes pensées bien loin du monde visible.

Peu à peu, je m'éclipse dans les méandres de mon esprit, repensant à ces jours qui ont rythmé ma semaine.

Les cours, aussi épuisants soient-ils, occupent une place prépondérante dans ma vie. Je triture machinalement mes doigts, tentant de détourner mon esprit de la soirée à venir.

Mon cuir chevelu me tiraille, me révélant qu'au bout de cette nuit, une festivité m'attend. Ces dernières heures, je n'ai cessé de m'interroger sur les raisons qui m'ont poussé à accepter cette invitation.

Au fond de moi, je sais que cette soirée ne m'est pas favorable.

L'alcool a ce don funeste de me faire perdre pied, me ramenant inlassablement à mes origines, au regard de ma mère lorsqu'elle trouvait dans ce liquide ambré, un exutoire.

Mais quand ce n'est pas ma génitrice qui hante mes pensées, c'est cet homme qui a tenté de m'assassiner au bal de promotion.

Tu dois mourir.

Un frisson glacial s'invite le long de ma colonne vertébrale. Je sens mon visage pâlir, montrant au grand jour, la peur qui me ronge de l'intérieur.

– Tu m'écoutes ? lance une voix exaspérée.

Je me racle la gorge, chassant les pensées intrusives qui m'enferment dans un cercle infernal.

– Tu disais ?, lancé-je à Maeve, tirant une ultime fois sur mes cheveux pour les attacher.

– Je te parle depuis tout à l'heure ! s'exclame-t-elle, sur un ton mêlant l'exaspération et un rire nerveux.

Je glisse mon majeur sur ma paupière, massant subtilement ma peau fatiguée.

– J'étais ailleurs, soufflé-je d'une intonation distraite. Mais je t'écoute, cette fois.

– Je te demandais si tu voulais que je laisse quelques mèches s'échapper de ton chignon, ou si tu préfères tout attacher ?

Je tourne la tête vers la gauche, scrutant mon reflet dans le grand miroir posé au pied de mon lit.

Mes pommettes, rehaussées de maquillage, arborent une teinte rosée, tandis que mes yeux, cerclés d'un maquillage sombre, paraissent plus perçants.

Je passe une main sur mes cheveux roux, effleurant la coiffure que Maeve s'est appliquée à réaliser. Une moue indécise s'empare de mes traits, trahissant mon manque d'enthousiasme.

– C'est très gentil, mais... commencé-je en me redressant.

D'un pas mesuré, je me rapproche du miroir et défais lentement le chignon qui tyrannise mon cuir chevelu.

Une cascade flamboyante s'échappe aussitôt, glissant sur mes épaules avec une légèreté retrouvée.

– Je préfère les laisser détachés... admets-je dans un soupir, une lueur d'embarras flottant sur mon sourire naissant.

UNFAIRNESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant