UNFAIRNESS

.01. Le bal et l'ombre

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« WILLOW HIGH SCHOOL VOUS SOUHAITE UN JOYEUX BAL DE PROMOTION ! »

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Yennefa.

Je toise du regard la grande banderole où se détache, en lettres d'un rouge écarlate, cette phrase qui annonce la tournure de la soirée.

L'entrée, façonnée de décorations, s'élève à plusieurs mètres de moi, soulignant la fin du lycée.

Face à moi, une queue ordonnée de couples progresse passivement, tous impatients de franchir les portes du gymnase transformé pour l'occasion.

Mes bras sont croisés tandis que j'observe les dizaines de binômes devant moi avec une attention clinique. L'intégralité des clubs du lycée ont combiné leurs efforts durant des mois pour faire de ce bal un événement inoubliable.

Et à en juger par l'excitation environnante, leurs efforts ont porté leurs fruits.

Bien que je sois dans le couloir, cela n'empêche pas le sol de frémir sous mes escarpins, vibrant à cause des palpitations d'une musique déchaînée.

À mesure que j'avance de quelques pas, une voix bourdonne, énonçant avec solennité le nom des élèves qui parviennent dans la salle.

Cette seule pensée me suffit pour déglutir, l'estomac noué.

D'un geste volontaire, j'essaie de détendre mes épaules contractées par l'anxiété et abaisse les yeux sur ma robe bleu nuit, surprenante, mais étrangement satisfaisante.

Sa nuance, bien lointaine de mon idée initiale, flatte pourtant mes traits, contrastant avec la pâleur de mes doigts, que je serre inconsciemment contre le tissu.

En levant le menton, je lance un regard vers le lycée, cherchant à m'apaiser. Alors que mes yeux battent, la nostalgie s'insinue, sournoise et permanente.

Ces casiers, ces couloirs arpentés chaque jour, ces éclats de voix familiers...

Une bouffée d'air sature mes poumons alors que j'ancre ces ultimes instants en moi. Néanmoins, une vérité irrépressible s'impose.

Celle qui me souffle au creux de l'oreille que le lycée n'est plus qu'un souvenir à compter de ce soir.

Un sourire fugace étire mes lèvres tandis que je réalise à quel point le temps a filé.

Si vite depuis sa mort.

Je secoue la tête, chassant cette pensée intrusive avant qu'elle ne s'impose davantage. En revenant à la réalité, mon attention se penche sur la file devant moi. À présent, seuls deux binômes me séparent de l'entrée.

Une panique sourde monte en moi, oppressante, voire incontrôlable.

Je tourne la tête dans tous les sens, cherchant une silhouette précise. Mes mains fébriles s'emparent de mon petit sac noir, en extirpant mon téléphone.

Frénétiquement, mon pouce glisse sur l'écran, tandis que je murmure, comme pour m'encourager.

– Allez... allez...

Enfin, le numéro que je recherche s'affiche. Sans plus attendre, je plaque l'écran froid contre mon oreille, le cœur battant. Les tonalités résonnent, amplifiant mon malaise.

Ma jambe s'agite nerveusement, trahissant l'angoisse qui m'envahit peu à peu. Les scénarios se mettent en boucle dans mon esprit, m'imaginant seule devant ce monde.