𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑

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𝑰𝒓𝒊𝒔

— Ta tête annonce une bonne journée, c'est ça qui est cool.

Comment dire à Adam de se la fermer gentiment à tout juste 8 heures du matin.

— Adam, aujourd'hui, même Google Maps aurait du mal à naviguer dans mon crâne. Alors s'il te plaît, épargne moi de tes prédictions météorologiques faciales.

Il finit par lever ses mains en signe de reddition et affiche un large sourire.

— Je prends le message. Silence radio sur l'analyse faciale. Bonne plongée dans ta symphonie intérieure.

D'un geste théâtral, il se lève de son tabouret près de l'îlot central de la cuisine, fait volte-face et s'avance à reculons vers la baie vitrée donnant sur la terrasse où Ange fume sa cigarette. Son sourire joueur persiste tandis qu'il mime une fermeture éclair sur sa bouche avec ses doigts.

Je me demande comment peuvent-ils tuer leurs poumons de si bon matin. Ça me dégoûte personnellement. En plus, ils sont sortis sans veste, juste en t-shirt. A voir leurs mains rougies et la fumée épaisse qui s'échappe de leur bouche, ils doivent cailler sérieusement.

— Iris, ce soir je rentre tard. Je m'occupe de quelques patients tardifs et de la paperasse qui s'est accumulée sur mon bureau, alors ne m'attendez pas pour dîner.

Depuis que nous avons déménagé dans un quartier plus au nord de Covington, maman est à fond dans le boulot et enchaîne les heures supplémentaires. Elle ne s'arrête plus. Elle prétend être passionnée mais j'ai l'impression qu'elle ne veut juste pas nous admettre que depuis que papa n'est plus là pour compléter son salaire, les fins de mois sont un peu plus compliquées.
Elle est perfectionniste et a toujours voulu nous préserver de tout. On lui a déjà dit avec Adam de lâcher prise. Du haut de nos 19 et 18 ans, je pense que le passage au stade opératoire est terminé. Ça y est, l'égocentrisme est dépassé.

— J'ai laissé des ingrédients dans le tiroir du bas du réfrigérateur pour faire des lasagnes, continue-t-elle en me montrant la nourriture.

Je hoche simplement la tête tout en remplissant mon bol de céréales Chocapic. Aujourd'hui va être une longue journée. Je ne sais pas ce qu'Hannah nous a préparé comme emploi du temps mais vu à l'heure à laquelle elle nous fait lever un samedi matin... ça doit être conséquent. Je suppose qu'elle veut prendre le temps nécessaire pour nous expliquer correctement les démarches et consignes à suivre pour le concours.

— Ange ? crie ma mère en toquant à la fenêtre. Tu restes ce soir ?

Non, maman, non. Tu n'es pas là ce soir, je ne veux pas me retrouver face à eux deux à table sans ne serait-ce qu'une minuscule présence féminine.

— Non, merci Hélène, c'est gentil mais je vais retourner chez maman.

Bonne réponse.

— Elle travaille ce soir ? demande Adam.

— Je ne sais pas, j'ai oublié de lui demander son planning cette semaine.

Ange est adossé contre le mur extérieur de la maison d'une manière nonchalante. Il tient sa cigarette entre ses doigts et laisse échapper de temps à autre des volutes de fumée dans l'air.
Je ne sais pas quand il a commencé à fumer. Quand je l'ai vu emprunter cette habitude, ça m'a d'ailleurs très surprise. Il est censé être un sportif de haut niveau non ? En plus de ça, mon frère l'a suivi tel un mouton. Maintenant ils se retrouvent comme deux toxicomanes et ça, plusieurs fois dans la journée.

Adam donne un léger coup d'épaule à son meilleur ami tout en lui demandant de rester ce soir avec nous. J'hallucine, ou il le fait exprès ?

— Iris est d'accord ?

ALTITUDE | édité chez Nisha et Caetera Où les histoires vivent. Découvrez maintenant