Nous nous écartions de cette triste nouvelle pour continuer notre exploration. La salle de bain possédait un sol en damier noir et blanc. La baignoire et l'évier étaient de la même couleur. De nombreuses plantes séchaient dans des pots en mosaïque.

Nous empruntâmes des escaliers en bois, couvert de poussière qui donnaient sur une seule porte. Je l'ouvris et une odeur d'humidité me prit au nez.

Le lit n'était pas fait – les draps verts étaient en boule dans le coin du matelas. Les vêtements étaient empilés sur des chaises, sur le sol et n'étaient pas lavés depuis plusieurs mots. L'armoire était également ouverte et le linge n'était pas plié. Il tenait en équilibre sur les étagères, prêt à tomber. La bibliothèque était un véritable capharnaüm. Les boîtes de DVD ne possédaient pas leurs disques, les CD étaient fragmentés en plusieurs morceaux. Les livres étaient rangées à l'horizontale, ce qui avait le don de m'énerver.

— Il faut aérer, cria Amira, la main devant le nez. Je risque de vomir, ce n'est pas possible de laisser une chambre dans cet état.

Mon amie me bouscula pour pénétrer à l'intérieur de la chambre pour se précipiter vers la fenêtre. Ses mains sur la poignée, elle donna un coup sec pour ouvrir la fenêtre.

Un craquement lourd fit trembler les murs et le sol sous ses pieds s'effondra. Amira traversa le sol.

Je me précipitais vers le trou. Je ne voyais que l'obscurité lorsque j'entendis son rire.

— Bordel, tu vas bien ? Criai-je.

— Un peu assommée mais rejoins-moi, j'ai trouvé quelque chose.

Assise au bord du précipice, je m'élançais dans le vide. Fermant les yeux, j'atterris sur quelque chose de mou. Mes mains touchèrent un matelas humide. Je portais mes doigts vers mon nez, regrettant aussitôt mon acte puisque l'odeur était atroce à respirer.

Nous étions toutes les deux dans une pièce sombre, étroite, respirant le renfermé à cause de l'humidité. Il n'y avait aucune fenêtre et le sol était une fine couche de béton.

Amira était devant le bureau, éclairé par une petite lanterne. Je découvris un bureau en bois où une tasse conservait le reste d'un café avec plusieurs sachets de thé. La table était jonchée de dessins et de livres ouverts, parlant de runes et de sorts.

Mon amie empoigna son téléphone pour prendre quelques photos. Nous devions en prendre pour les preuves de notre Expédition. Amira fourra quelques affaires dans son sac pour ne pas repartir les mains vides.

— Regarde ça, chuchota-t-elle.

Une grande carte du monde était accrochée contre le mur. Plusieurs punaises pointaient des lieux, des villes et des villages.

— Il s'agit de toutes les attaques du Prince Immortel. Il y a même l'île où vivent les Prêtresses.

Elle pointa son doigt dans la direction d'une île, au nord de notre monde. Puis, Amira montra tous les journaux, accrochés sous les punaises.

Les journaux parlaient d'un être sanguinaire, détruisant toute forme de vie. Les journalistes le décrivaient comme un homme sordide, sans cœur, n'ayant aucune pitié pour les enfants.

Une ville, un peu plus à l'Est de notre école, figurait parmi ses attaques. L'article mentionnait l'attaque la plus violente de notre histoire. Aucun être vivant n'était ressorti indemne et pendant plusieurs années, cette ville n'était qu'un endroit désert, comparé à une ville fantôme. Aujourd'hui, les personnes vivantes à cet endroit, succombaient à des maladies, apparaissant très tôt dans leurs vies.

Un village, au sud d'une autre école au nom de Tutsonia, n'était qu'un immense cimetière. Le Prince Immortel avait décimé une population entière.

— Finalement, il n'est pas un sauveur, expliqua Amira.

— Tu vois le rapport avec les bouquins sur la table ?

— Pas vraiment, je n'arrive pas à comprendre l'utilité de cette magie.

— De quoi parle le livre ?

— D'une magie permettant de remonter le temps, expliqua Amira en feuilletant les pages. Si Dan espérait retourner à l'époque du Prince Immortel, je ne sais pas quel impact son passage aurait eu dans le présent.

Sur la droite de cette immense carte, nous observions un grand point d'interrogation, prononcé par un feutre noir. En dessous, une longue liste présentait toutes les personnes importantes du monde sur les trente dernières années, jusqu'à aujourd'hui. Je reconnus des personnes politiques, des hommes siégeant dans des importants rôles économiques, des rois, des reines, et les proviseurs des écoles.

Amira continuait de prendre des photos. Mon regard continuait de lire les articles, tous autant morbides que les autres. Des photographies de corps démembrées étaient affichées, des villes en flamme également.

— On a assez de preuves, déclara Amira. Il faut sortir de là.

Elle tourna les talons pour se diriger vers une porte en bois, qu'elle força à ouvrir avec son épaule. Des bruits de verre retentirent lorsque qu'elle poussa la porte.

Cette mystérieuse porte était le miroir où l'amie de Dan y était affichée. Amira venait de briser le miroir, fragmentée en plusieurs morceaux sur le parquet.

Des ombres se manifestèrent devant la fenêtre de la cuisine. Je m'y précipitais pour observer une foule, les yeux rivés vers le gouffre où reposait Suri.

— Oh bordel, dit Amira en m'attrapant le poignet.

Je suivis le regard des habitants. Une masse d'ombre venait d'apparaître, mesurant quelques dizaines de mètres. De longs bras étaient tendus au-dessus de sa tête, de gros yeux globuleux observaient la foule et les maisons aux alentours.

— Super, tu viens de réveiller la princesse Suri.

— Arrête tes conneries, grognai-je.

— J'essaie d'apaiser la situation.

Nous regardions toujours la bête derrière la fenêtre.

En quelques secondes, l'un de ses bras s'écrasa, décimant la moitié du village. 

Le Prince Immortel (TOME 1)Where stories live. Discover now