𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟎

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˚ Soudain les choses prennent une mauvaise tournure. ˚



Ife.


— En retard, Hemming !

La voix tonitruante du professeur de sport, résonne dans le gymnase, couvrant le bruit des ballons qui rebondissent et des chaussures crissant sur le parquet. Il porte son sifflet à ses lèvres et en tire un coup sec, comme pour souligner son agacement. Autour de nous, les autres élèves ralentissent leur échauffement, jetant des regards furtifs dans notre direction. 

— Je sais, désolée, dis-je en m'approchant, le souffle encore court après avoir couru depuis l'arrêt de bus. Mon sac à dos glisse de mon épaule, lourd de livres que je n'ai même pas ouverts ce matin. 

Il croise les bras, ajustant sa casquette noire marquée du logo de l'équipe sportive de l'école. Son regard perçant, aussi acéré que le coup de sifflet qu'il vient de donner, me transperce. 

— Laisse-moi deviner ton excuse cette fois : ton réveil n'a pas sonné ? Tu pensais que c'était le week-end ? Ou peut-être que quelqu'un de ta famille est mort ?

— Non... J'ai juste raté mon bus.

— Ah, le grand classique ! s'exclame-t-il en levant les yeux au ciel. Celui qui traverse les âges et se transmet de génération en génération. Comme si personne n'avait jamais pensé à partir cinq minutes plus tôt.

— Je promets que ça ne se reproduira plus.

— Tu as déjà dit ça les cinq dernières fois ! Soupire t'il, passant une main sur son visage. À ce stade, Hemming, un justificatif pour ne pas venir serait plus rapide. Ça nous éviterait ce petit théâtre.

Malgré moi, un sourire me vient. L'idée est tentante, presque trop facile. Mon dossier médical, rempli de rendez-vous chez des spécialistes et d'ordonnances pour des maux que personne ne comprend vraiment, pourrait certainement fournir une excuse crédible.

— Aujourd'hui, c'est handball. Va te changer. M'informe t'il.

— Pourquoi ? Je suis déjà en tenue de sport.

Il lève un sourcil, l'air excédé, puis désigne du menton le groupe de filles qui enchaînent des tours de piste. Elles portent toutes la même tenue réglementaire : t-shirts jaunes à manches courtes frappés des initiales *B.W.H.S.*, shorts bleus ajustés et genouillères blanches.

— Je n'ai pas cette tenue, lui rappelé-je. 

Un souffle exaspéré s'échappe de ses lèvres.

— Reste là.

Il s'éloigne en secouant la tête. 

L'atmosphère est étrange, car notre classe a été fusionnée avec celle de Kelsey. Dans ce microcosme social, une ségrégation subtile se dessine, où les populaires se regroupent dans un cercle exclusif tandis que les autres se fondent dans l'ombre, cherchant à éviter toute confrontation avec le mépris qui les entoure.

— Tiens, dit-il en me lançant un sac de sport. Je l'attrape de justesse, sentant l'étoffe rugueuse sous mes doigts. Va te changer, sinon je te mets un zéro.

Sa voix porte cette indifférence, celle des professeurs qui en ont trop vu pour s'émouvoir d'une élève en retard.

— D'accord, monsieur. Merci. 

—  Hmmm, émet il un grognement vague avant de se détourner, déjà absorbé par autre chose. 

Je serre le sac contre moi et me dirige vers les vestiaires, les yeux fixés sur le sol pour éviter les regards curieux.

CARELESS [ En Pause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant