Monster : Call them Army

Chapitre 15 : 60 jours

Alya avait été enterrée. Le moral était tombé d'un coup dans toute la base. Tout le monde aimait Alya, et ça se ressentait. C'est comme si tout était figé, comme si le temps avait arrêté d'exister. Certes, les gens bougeaient toujours, marchaient, parlaient, mais c'est comme si c'était désert. Comme si tout était vide. Les engueulades avaient cessé, tout comme les bagarres et les meurtres.

Alan avait rarement vu si peu de gens sur l'étage médical. Ceux qui étaient là étaient ceux qui avaient été blessés il y a un moment et étaient en rétablissement ou ceux qui avaient besoin de médicaments régulièrement. Comme ceux qui font de l'asthme par exemple. Tous ceux qui avaient été attaqués à la seringue se rétablissaient. Beaucoup étaient retournés à leur occupation tandis que d'autres étaient encore en train de se rétablir.

Il n'y avait pas eu d'autre mouvement venant de l'armée. Même ceux qui étaient à la prison n'avaient pas vu de mouvement. Carl commençait à penser que les têtes sur les piques était vrai, et que s'il ne traversait pas ces «frontières», l'armée n'engagerait pas de combat. Il ne pouvait tout de même pas prendre le risque de laisser tomber sa garde, et celle de tous les Loups. Les gardes au sol et sur le toit étaient toujours présents, en rotation 24h/24h. Certains s'étaient portés volontaire pour prendre des places et laisser certain garde faire le deuil de Alya.

Même si tout le monde avait à faire un deuil, c'était celui de Tiffany qui allait être le pire, et qui l'était déjà. La blonde ne faisait rien à part se retrouver assise à côté de la tombe de sa copine. Lorsque la nuit tombait, elle allait dans sa chambre avant de se réveiller le lendemain et de retourner au même endroit. On ne savait même pas si elle prenait la peine de manger ou de boire. Elle n'avait pas l'air de perdre du poids, donc tout le monde respectait la distance et la solitude dont elle avait besoin.

Kyle avait besoin du contraire. Il avait toujours besoin d'être avec quelqu'un. Spécialement la nuit. Il se réveillait toujours en sursaut durant un cauchemar. Tout le monde se retrouvait alignés, à genoux devant l'armée les mains liées dans le dos, et chacun leur tour il se faisait tirer une balle dans la tête. Kyle se réveillait toujours en sursaut lorsque c'était le tour de Carl, Kelly, Alec ou Alan. À toutes les fois, Alya se faisait tirer dans les côtes puis tombait dans ses bras. Kyle n'avait aucun moyen de l'aider à part en appuyant sur la blessure, ce qui ne servait à rien. À chaque fois, elle mourait dans ses bras avant que les coups de feu commencent et que quelqu'un de proche se fasse tirer dans le front, le faisant se réveiller en sursaut et en sueur.

Les premières fois, Carl n'avait pas su quoi faire. Maintenant il savait qu'il devait simplement dire le nom de Kyle doucement avant de passer sa main dans son dos et de le prendre dans ses bras. Le brun perdait beaucoup de sommeil et était incapable de le reprendre. Ce n'était pas que la nuit, c'était dès qu'il s'endormait. Même s'il essayait de faire des sieste durant la journée, rien à faire. Alya mourait dans ses bras puis tout le monde se faisait tirer. À chaque fois. Sans exception.

C'était le cas présentement. Tout le monde était au sol, il ne restait que lui et Carl. Lorsque le front de ce dernier explosa sous l'impact d'une balle, Kyle se réveilla en sursaut, s'asseyant droit comme un piquet dans le lit. Il était en sueur et sa respiration était saccadée, mais cette fois il n'avait pas crié. Lorsqu'il prit conscience de où il était, et que Carl n'avait pas dit son nom, il se tourna vers son amant. Le noiraud dormait encore et n'avait pas l'air de commencer à se réveiller.

Le brun s'habille avant d'attraper son briquet et ses cigarettes. Il sortit sans faire de bruit avant de se retrouver sur le toit. Seulement en t-shirt, Kyle ressentait déjà la température. La fin de l'automne approchait, le temps devenait frisquet et cette nuit le vent était plutôt fort. Les cheveux déjà mêlés de Kyle l'étaient encore plus et il avait de la difficulté à allumer sa cigarette. Lorsqu'il réussit enfin à le faire, il prit une inspiration avant d'expirer la fumée en levant la tête vers le ciel. Nuageux, pas d'étoile ce soir. Kyle baissa la tête en s'approchant du rebord de ciment.