QUARANTE-DEUX

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Même jour,
Awa'atlu, 15:36

Je ne sais pas combien de temps je suis restée assise sur ses marches d'escaliers, les joues innondées de larmes, les cuisses repliées contre ma poitrine.

Je ne sais pas combien de temps mes yeux ont fixés la plage en face de moi, observant les vagues qui s'écrasent sans un bruit contre les roches dans l'eau.

Peut-être une dizaine de minutes. Peut-être une heure. Ou alors peut-être seulement quelques secondes. Je ne sais pas.

Tout ce que je sais, c'est qu'après un moment dans le silence le plus total, alors que les larmes continuent à rouler sur mon visage déjà humide, un bruit retentit derrière mon dos.

Je ne me retourne pas. De toute façon, je sais déjà de qui il s'agit.

Mes yeux continuent à fixer les vagues paisibles de la plage tandis que Neteyam s'assied à côté de moi, sur ma droite, prenant la place que ma mère occupait il y a quelques minutes.
Le garçon reste muet, se contentant de me regarder sans un mot.

Puis après plusieurs secondes, sa voix brise le silence.

-Tu ne revenais pas, je l'entends dire.

Je renifle silencieusement.

-Je voulais être seule.

-Tu veux que je m'en aille ?

-Non.

Je détache mes yeux de l'eau bleu pour les poser sur ses pupilles jaunes.

-J'ai envie d'être seule, mais seule avec toi. Est-ce que tu comprends ?, je demande. Je ne sais pas si ça a vraiment du sens.

-Je comprends. Ça a du sens pour moi.

J'acquiesce lentement.

Mes yeux se déchirent des siens pour se poser à nouveau sur l'eau. Mes larmes n'ont pas cessées de rouler sur mes joues.

Et à travers mes sanglots, je prends une grande inspiration. Je prends une grande inspiration parce que je n'arrive pas à poser de mots sur ce qui me fait mal. Parce que je n'arrive pas à poser de mots sur mes maux.
Alors je prends une grande inspiration.
Parce que je veux que Neteyam entende que mon souffle en dit bien plus que mes mots ne le pourraient jamais.

Je prends une grande inspiration, comme pour jeter une bouteille à la mer. Et Neteyam la saisit tout de suite.

Le bras de mon petit-ami se lève et sa main vient attraper mon poignet tandis qu'il me tire doucement vers lui. Je me lève lentement, m'avançant, et ma main va se poser sur son épaule droite tandis que je m'appuie sur lui pour m'asseoir sur ses genoux.

Ses doigts lâchent mon poignet et ses bras viennent s'enrouler autour de mon dos pendant que mes mains vont encercler sa nuque. Je me penche et pose ma joue sur l'épaule de Neteyam, le visage tourné vers le creux de son cou.

L'une des mains du garçon se met à effectuer des carresses sur mon dos, dessinant avec lenteur des cercles délicats sur ma peau. Ma respiration s'apaise à chaque caresse, me faisant fermer les yeux contre son épaule.

-Omeyra ?, appelle t'il à mi-voix.

-Umh ?

-Est-ce que ta mère a levé la main sur toi ?

-Non, elle ne m'a pas touchée.

-Bien.

La prise de Neteyam se reserre sur moi, me plaquant un peu plus fermement contre lui.

SECRET w/ Neteyam SullyOnde histórias criam vida. Descubra agora