Le combat d'une vie

"Je ne veux plus te voir, je n'ai pas besoin de toi !"

Le 2 Août 2012

Point de vue Jenifer :

Il y a tout juste une semaine, j'ai vécu l'un des pires moments de ma vie. Moi qui pensais vivre l'un des plus beaux, ça a été tout le contraire.
Ça fait aussi une semaine que je suis l'ombre de moi-même. Je suis rentrée à la maison depuis 5 jours, sans mon bébé, et avec un poids énorme dans le coeur.

J'ai énormément souffert pendant mon accouchement, qui s'est fait sans péridurale d'ailleurs. Je n'ai pas trop compris pourquoi, mais bon...
Donc après m'avoir administrée les hormones nécessaires au déclenchement du travail, les contractions se sont intensifiées, elles qui étaient déjà insupportables. Et après 5 heures de travail, j'étais en train de pousser pour expulser mon bébé. Thomas était à mes côtés, comme toujours, sa main dans ma nuque et ses mots doux qu'il me susurrait à l'oreille. L'équipe médicale, connaissant la situation, était aussi formidable. Puis au bout d'une longue demi-heure, mon fils est né. Un magnifique petit bébé d'un kilogramme pour 33 centimètres. Je savais très bien que je ne devais pas m'attendre à l'entendre pleurer. Pourtant, j'ai attendu. Durant de longues secondes, j'ai espéré entendre son premier cri, sans succès... on m'a déposée Lucca sur la poitrine, et là aussi, j'ai espéré le voir chercher mon sein pour téter. Mais encore une fois, rien. C'est d'ailleurs à ce moment que je me suis mise à pleurer, à suffoquer même. En tournant le regard, je vis Thomas pleurer également. Il lui caressa doucement la main de son doigt. Et oui, là aussi j'espérais voir Lucca serrer sa petite main autour de l'index de son père...

Suite à ça, l'équipe médicale nous a laissés seuls, pour que l'on puisse profiter de notre fils, et surtout, lui dire au revoir.
Je ne le lâchais pas du regard. Je voulais imprégner son visage d'ange dans ma mémoire. Mon fils était terriblement beau et ressemblait énormément à Thomas. La forme de ses yeux, de sa bouche, jusqu'à ses minuscules oreilles... il n'avait de moi que mon nez et la couleur de ses cheveux. Mais cela me suffisait. J'étais fière et heureuse que notre petit garçon ressemble autant à son papa.

En parlant de Thomas, il a pu faire un peau à peau avec Lucca. Un moment non sans émotions... j'étais terriblement contente qu'il ait cette opportunité de tisser un lien avec le petit, malgré tout...
Nous avons pris quelques photos de notre fils, afin de garder un souvenir impérissable. Ça peut paraître morbide, mais Tom' et moi avions besoin d'avoir ces photos. Ces photos qui nous permettraient de garder un souvenir de notre bébé, de celui que l'on ne verra pas grandir car la vie en a décidé autrement...

Je pense que faire le deuil d'un enfant, c'est la pire chose à faire. Ce n'est pas l'ordre de la vie ça. C'était à moi de partir avant lui, pas l'inverse... et ça, je n'arriverai jamais à l'accepter.

Donc voilà, comme vous l'aurez compris, je vis tel un fantôme depuis une semaine. Et encore, je vis, c'est mentir. Je ne vis plus justement. Je ne sors pas, ne me lave pas, ne me change pas, ne me maquille pas, reste dans mon lit, dans le noir. Et s'il n'y avait pas Thomas, je ne m'alimenterais probablement plus. Il ne supporte pas me voir comme ça. Mais me sachant très fragile, il ne me dit rien qui pourrait me blesser. Mon homme se contente d'être là pour moi, d'essayer de me redonner le sourire et de m'aimer. Il a même pris un congé en attendant que j'aille mieux. Mais ça ne suffit pas. Et ça ne suffira jamais...

En parlant de Thomas, il fait preuve d'une patience incroyable. Je ne lui parle pas, je ne le calcule pas, je n'ai plus aucun geste tendre pour lui. On n'est loin d'être un couple depuis une semaine... pourtant, il ne dit rien. Il attend. Je sais que ça ira mieux avec le temps, enfin je l'espère, mais ça va prendre du temps. Et j'espère qu'il attendra. Je ne me vois pas vivre sans lui non plus...
Surtout que je n'ai plus que lui. Je ne parle à personne. Et par-là j'entends parler à Mel, Matt ou même mes parents... je n'ai prévenu personne par rapport à ce qu'il s'est passé. Je sais que Thomas l'a fait et que depuis, ils me harcèlent de messages. Mais je n'arrive pas à en parler... j'en parle déjà pas à Thomas, ce n'est pas pour en parler à mes amis.