CARELESS [ En Pause ]

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓

˚⊱ L'ennui est un terreau fertile propice à la prolifération, où les graines des vices peuvent germer et s'épanouir.⊰˚

IFE.

Un jour je serai le meilleur dresseur
Je me battrai sans répit
Je ferai tout pour être vainqueur
Et gagner les défis
Je parcourrai la terre entière

Roman, adossé au radiateur bosselé où pendent des épaves de Scotch jauni, fait grincer le bouton chromé de la radio Hitachi. Le générique de Pokémon s'étouffe dans un crépitement de mauvaise connexion ADSL. À ses pieds, un carton de dossiers "Gazette Lycéenne n°43 : Spéciale Intifada" moisit sous une flaque de café froid.

Ezekiel, transformait le tableau d'affichage en champ de bataille pop-punk. Entre les avis de réunion collés au ruban masking tape et les polaroids du dernier voyage scolaire à New York, il griffonnait au marqueur fluorescent : "Des Enfants Souffrant De Népotisme, Sous une Haute Vigilance". Ses vans Glissent sur le linoléum taché d'encre offset, dessinant des huit imparfaits quand Roman coupe le son.

— Mais Pourquoi tu as fait ça ?  Tu crains de ouf, mec, crache t'il .

— Parmi toutes les musiques qui existent au monde, tu décides de te dandiner comme un zouave sur celle d'un dessin, répond Roman.

— Mais j'ai encore le droit de faire ce que je veux !  On est en Amérique ou en Afghanistan ?

— T'es tellement ridicule que ça me donne des envies de violences, crache-t-il en se dirigeant vers la fenêtre. mieux vaut pas que je te calcule, sinon je vais te cogner bêtement.

Il limite grossièrement derrière son dos avant de s'asseoir sur une table pour bouder, Josh qui se tient à ma droite souffle exténué de leurs comportements tandis que je continue à lui procurer des caresse vers sa nuque en fixant Marcus qui explore les tréfonds de sa joue. Ses ongles fouillent la muqueuse, cherchant désespérément le fragment de dent cassée lors de sa dernière crise contre le distributeur de boissons. Un filet de bave rosâtre perle à sa commissure des lèvres, dessinant une constellation éphémère sur le linoléum taché d'encre.

Ça fait au moins une heure que nous sommes coincés dans notre nouvelle salle de journalisme, qui n'est rien d'autre qu'un ancien débarras. Le directeur avait jugé qu'avec seulement cinq membres dans notre club, nous ne méritions pas un grand espace pour répandre nos « conneries » sur le site internet de l'école.

Aujourd'hui, il s'est particulièrement montré désagréable. Son agacement est clairement lié à la décision récemment prise par le maire d'annuler la fête des moissons, un événement qui, d'habitude, apporte une certaine fierté à notre petite école. L'annulation a été un coup dur pour lui. Ses sourcils froncés et son regard perçant trahissaient une frustration sourde, comme s'il avait tout misé sur ce jour pour prouver sa valeur.

Pour être honnête, cela m'arrange plus qu'autre chose, car j'aurais eu un zéro pointé. Et Je n'étais pas prête à me retrouver à gérer des stands ou à faire le clown devant la foule. Pendant qu'il annonçait cette nouvelle, il a également exprimé sa déception envers notre manque d'organisation et de professionnalisme, n'hésitant pas à déclarer qu'il ne nous confierait plus rien à l'avenir.

Il a rajouté, avec un dédain palpable, que nous l'avions humilié , mais que heureusement, grâce à l'intervention du père d'Ed, un homme influent dans la communauté, il a pu sauver la face et maintenir une image positive. C'était comme si le directeur avait besoin d'un bouc émissaire pour justifier son propre échec, et nous étions devenus ses cibles faciles.