Mon bel inconnu - Pierre Gasly

Chapitre 41

PDV Ellie

« - Euh ça va Pierre ? demandais-je, déroutée par ce qu'il venait de se passer.
- Oui, oui, il faut juste qu'on parle, déclara-t-il en entrant dans le restaurant.
- Il était aussi comme ça dans l'avion ou ? chuchotais-je à Charles.
- Oui, mais je pensais que ça venait de moi, je t'avoue que là, je comprends pas.
- Ça s'annonce bien ce repas. Déjà que j'avais dû mal à respirer normalement tant j'appréhendais de lui dire. Mais alors-là, à 2 doigts de partir en courant.
- Ah non, non, tu restes, dis-toi que, moi, je supporte ça depuis 2 jours, me répondit-il, très sérieusement, en me tenant la porte.
- Bonjour, vous aviez réservé ? nous interpella un serveur.
- Oui, au nom de Brown.
- Parfait, je vous y emmène. Il n'y a jamais grand monde le lundi midi, vous serez au calme, affirma-t-il en jetant un rapide regard à mes 2 accompagnants.
- Super, merci !
- Je repasse dans quelques minutes, je vous laisse faire votre choix pour l'apéritif.
- Ne cherchez pas, ça sera le cocktail le plus fort que vous avez pour moi, rétorqua Pierre du tac au tac.
- PIERRE ! On est lundi midi sérieux ! nous exclamais-je en chœur avec Charles.
- Quoi ? Vous avez encore quelque chose à me reprocher ? Allez-y, je fais exprès de prendre des forces pour pouvoir absorber tout ce que vous allez me mettre dans la gueule.
- Je vais vous laisser réfléchir, voici le menu, dit le serveur en s'éclipsant, gêné de la situation.
- Je ne savais pas comment lancer le sujet mais je crois que tu viens de le faire, poursuivis-je, tout bas comme espérant qu'on ne m'entende pas.
- Et de manière très élégante en plus, ajouta, Charles, ironiquement.
- Donc tu viens de confirmer que t'étais bien au courant, Ellie, souffla Pierre.
- Écoute ce qu'elle a à te dire avant de nous en vouloir, conseilla Charles.
- Toi me parle pas.
- Ok alors déjà, on va tous prendre une inspiration pour calmer le jeu. Pierre, s'il te plaît, ne te braque pas tout de suite, écoute-nous avant, débitais-je. »

On passa une bonne trentaine de minutes à tout lui détailler, en appuyant bien sur le fait que dans l'histoire, c'est Clara la méchante, pas nous. Charles lui montra même tous ce qu'elle lui avait déposé durant les 3 dernières semaines pour démontrer que c'était vraiment une personne malsaine. Il avait tout conservé et ne manqua pas de lui préciser que s'il y tenait, il pouvait tout à fait lui restituer. Hormis quelques exclamations de surprise, Pierre avait gardé le silence. Son visage était fermé et ses expressions faciales indescriptibles. À chaque fois que le serveur revenait nous apporter des choses, un énorme silence s'abattait sur note table. Je le plaignais un peu, l'ambiance devait être très pesante pour lui, il ne faisait que son travail après tout, il n'avait pas demandé à être dans une telle position. D'autant plus qu'il avait l'air très sociable, mais là, il avait bien compris qu'il était hors de question de prononcer un quelconque mot. Question de vie ou de mort, si vous voulez mon avis.
Après nous être fait servir le plat, il ne me restait plus qu'une seule chose à dire, et pas des moindre : dévoiler la véritable identité de Clara. Et plus précisément, expliquer que Clara était LA Clara. Je m'apprêtais à le dire, je vous le promets. J'étais pleine de bons sentiments, je voulais vraiment lui avouer. Mais au vu de son énervement, je me retins. Je n'ajoutai rien. Je vous vois venir, non je ne me suis pas dégonflée, simplement question de survie. En y réfléchissant bien, cela ne semblait pas si pertinent de le confier. De ce que Pierre nous avait dit, hier, il avait refusé les avances de Clara, et lui avait dit de dégager définitivement. Donc techniquement, si je le disais, ça n'avançait à rien, non ? Si ce chapitre était officiellement fermé, à quoi bon vouloir le rouvrir au risque d'encore envenimer la situation ?
Il fallait avouer que ça me mettait très mal à l'aise de dire que toutes ces galères étaient causées par ma faute. Je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que rien de tout ça ne serait arrivé si je n'étais pas sorti avec Noah, ou bien même si je n'avais jamais accepté les avances de Pierre. J'avais l'impression d'être une tornade semant le bazar dès que je débarquais dans la vie de quelqu'un. À l'heure actuelle, j'avais réussi, malgré moi, à fragiliser l'amitié de Pierre et Charles, et pourtant, Dieu sait qu'elle est solide. Je me voyais comme un poids plutôt qu'autre chose. Alors, je ne me voyais pas en remettre une couche en disant que la Clara était là par ma faute.