Je hoche la tête.

— Ou même plus que des amis, je n'en sais rien, balance-t-elle en levant les mains en l'air. À vous de voir.
— Louise !
— Quoi ? C'est vrai ! Quand vous vous taquinez à longueur de journée, on dirait un vrai petit couple.
— N'importe quoi, rigolé-je. Pour en revenir au sujet d'origine, je vais aller lui parler mercredi, après le cours d'addictologie.
— Tu me tiens au courant de comment ça s'est passé ?
— Bien sûr.
— Est-ce qu'on ne sortirait pas dans un bar toutes les deux ? Ça fait longtemps ! me propose ma meilleure amie d'un coup.
— Oui ! Ce serait super de faire ça. Maintenant ?
— Je n'ai rien de prévu donc ça me va.
— Parfait ! Je vais me changer et on peut y aller !
— Vas-y, je t'attends dans le salon.

J'abandonne Louise le temps de quelques minutes avant de revenir vêtue d'un pantalon bleu clair et d'un pull marinière.

— Je suis prête !
— C'est parti, alors !

J'attrape une veste en jean que je mets seulement en hiver et suit Louise à l'extérieur. Je ne sais pas où est-ce que l'on va, mais à en juger sa démarche déterminée, elle a une idée derrière la tête.

— Où est-ce qu'on va ? je lui demande, intriguée.
— Au marché de Noël ! s'extasie-t-elle.
— Oh ouiii ! J'ai hâte de voir ce qu'ils ont fait cette année !
— Moi aussi, dit-elle avec un grand sourire collé aux lèvres.

Sur le trajet, nous parlons d'Eliott et de Matéo et j'apprend qu'au lycée, Eliott était amoureux de Matéo, avant qu'ils deviennent meilleurs amis.

— Mais il s'est passé quelque chose entre eux alors ? je demande, vivement intriguée.
— Non, rien du tout. Eliott lui a pourtant déclaré sa flamme mais... Matéo lui a expliqué qu'il était entièrement hétéro et que les hommes ne l'intéressaient pas du tout.

Je plaque mes deux mains sur ma bouche pour me retenir d'exploser de rire. Je n'aurai jamais cru qu'Eliott serait du genre à déclarer sa flamme, je le vois plus dire simplement "tu veux sortir avec moi ?" et c'est tout, mais peut-être pas finalement...

— Il était un peu dévasté après ce râteau, mais il comprenait. Il a eu besoin de temps pour lui pour éteindre les sentiments qu'il avait pour Matéo et puis après, tout était redevenu comme avant. Ils en rigole même encore parfois entre eux !
— C'est à la fois super mignon et à la fois super triste pour lui, dis-je sans pour autant m'empêcher de rire.
— Je suis d'accord, mais égoïstement, tant mieux que ce n'était pas réciproque parce que je n'aurai peut-être jamais rencontré Matéo si ça avait été le cas, tu te rends compte ?
— Pas faux.

Un mec qui semble avoir notre âge vient nous déranger dans notre conversation en venant coller une de ses mains sur les fesses de Louise.

— Mais ça va pas ! crie-t-elle.

L'homme ne cille pas, comme si ce qu'il venait de faire était totalement normal. Louise, elle, se paralyse. Elle est pétrifiée devant ce visage qui ne semble pas du tout inconnu à ses yeux.

— En même temps, si tu ne portais pas ce pantalon qui te moule autant le cul, ça ne serait pas arrivé, se justifie-t-il.
— Ah, parce que tu crois qu'il existe quelque chose sur cette Terre justifiant ce que tu viens de faire ? s'indigne ma meilleure amie en sortant enfin de son état de choc.
— Pfff... T'as pas changé. Tu es toujours autant provocante et une putain d'aguicheuse qui cherchent constamment l'attention des hommes, comme la fille facile que tu étais au collège.

Moi qui n'avait encore rien dit jusque-là, je perds mon self-control et lui mets une gifle qui résonne dans la ruelle où nous nous trouvons en comprenant qui est ce type.

— Dégage d'ici tout de suite ou j'appelle la police.
— Pff, salopes, lâche-t-il en partant.

Je me retourne vers Louise dont le visage est déjà embué de larmes.

Nos coeurs entaillésWhere stories live. Discover now