˚⊱ Les voeux qui se réalisent par le simple fait d'y croire très fort, ne valent pas grand-chose. ⊰˚Ifelùma.
Atlantic Terminal (Flatbush Avenue Station) , Brooklyn ,
NY 10010, États-Unis
29 Août 2003.Assise sur le banc vissé au sol, je fixe les portes coulissantes du LIRR qui claquent, rythmées par les bourrasques d'air chaud des tunnels. La station, presque déserte à cette heure, sent l'huile de moteur et le béton humide. Les haut-parleurs, qui crachent encore des annonces enrouées sur les retards de la ligne D, se taisent. Seul persiste le grondement lointain d'un métro fantôme, quelque part sous Brooklyn.
Depuis maintenant une heure, je compte les secondes en suivant le tic-tac cassé de l'horloge murale. Le froid, insidieux, traverse mon gilet Adidas trop léger pour un soir d'été anormalement frais. Mon billet de train, froissé en boule dans ma paume moite, porte l'odeur âcre de l'encre qui déteint.
19h52 – Penn Station to Albany. Déjà rayé au surligneur orange par un employé indifférent.
À ma droite, un SDF ronfle sous une couverture trouée, adossé à un distributeur de MetroCards hors service. À ma gauche, un jeune type en hoodie gris écoute un iPod. Je touche mon LG dont l'écran s'obstine à afficher une barre de batterie rouge. Mon caméscope Sony, posé sur le banc, clignote faiblement, sa batterie au nickel-cadmium à l'agonie.
Ce qui veut dire que dans vingt minutes, je n'aurai plus que le bruit de mes propres respirations, pour me tenir compagnie.
Je marmonne un juron et vérifie encore une fois l'heure.
21h49.
Il me l'avait promis.
« Avant la fermeture des guichets. Je suis là. »
Mais les guichets sont clos depuis longtemps, et le dernier train pour Albany part dans 38 minutes.
Soudainement, les portes s'ouvrent en tremblant. Un flot de voyageurs pressés en sort, valises roulantes cognant les murs carrelés. Je me lève si vite que mon carnet de croquis glisse de mon sac. Les pages s'envolent, esquissant des visages anonymes croisés ici même. Mais parmi la foule, personne ne me reconnaît. Personne ne ralentit.
— S'il te plaît, dépêche-toi. J'ai froid... murmuré-je en me rassiant
Il y a maintenant 9 ans que mes parents se sont séparés... pour adultère !
Alors qu'il rentrait de son service de nuit, mon père a surpris ma mère dans leur lit conjugal avec un autre homme.
Ce soir-là, dans une ambiance tendue, entre hurlements et larmes, il a quitté la maison. Même si elle était entièrement en tort, ma mère a jeté ses affaires par la fenêtre en l'insultant de tous les noms.
Le bruit des objets qui s'écrasaient au sol a résonné dans le quartier, attirant l'attention des voisins qui se sont précipités sur leurs terrasses pour voir ce qui se passait.
Curieux et avides de potins, ils ont choisi de rester là, observant la scène avec intérêt. Ils chuchotaient entre eux, échangeant des regards complices, prêts à commenter chaque détail. Les ragots se propageaient rapidement, alimentant leur besoin insatiable de connaître les moindres détails de la vie des autres.
Pour leur plus grand bonheur, ils étaient devenus les spectateurs privilégiés d'un drame familial, prêts à en discuter longuement une fois la nuit tombée.

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CARELESS
RomanceFuir ! Que cherche-t-il réellement à fuir ? L'homme qu'il est devenu ou ce passé qui le rattrape inexorablement, engloutissant tout sur son passage ? S'éloigner ! S'éloigne-t-elle de son enfance chaotique ou d'elle-même, au risque de disparaître aux...