EPILOGUE
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(Fine Line_Harry Styles)
Harry.
J'avais peur de ne plus me souvenir du chemin à suivre. Pourtant, je sais exactement où je vais. Comme la première fois. Cette boule dans gorge et ce noeud à l'estomac me rappellent que je ne pourrais jamais oublier. Même si, ce jour-là, je laissais les autres me guider. J'étais entre papa et maman, tenant la main de cette dernière. Nos proches nous suivaient. Des amis aussi. Surtout les tiens. C'était horrible. Et, pourtant, je crois que c'était une des rares fois où je m'étais senti aussi soutenu, aussi entouré. Mais je n'aimais pas ça. Je n'aimais pas la raison pour laquelle je me devais de ressentir ça. La raison pour laquelle je devais accepter ce soutien et cet amour. Ça n'avais aucun sens. Je m'en foutais d'être soutenu par le monde entier si ce n'était pas ta main qui était accrochée à la mienne. Le monde entier pouvait disparaître. Mais pas toi. Pourtant, c'est ce qui est arrivé. C'est ce que tu as décidé. Et je crois que je t'en ai voulu, Aimée. Je suis désolé, mais c'est la vérité. Je t'en ai voulu autant que je m'en voulais de n'avoir rien vu.
Ce n'est plus exactement ce que je ressens à cet instant, lorsque j'avance jusqu'à ta tombe. J'entends les autres s'arrêter derrière moi, pour me laisser faire les derniers mètres seuls. Je vois ces autres tombes, ces autres histoires. Mais j'ai ce sentiment d'injustice qui me vient lorsque je remarque les dates. Ils n'étaient pas aussi jeunes que toi. Est-ce que ça veut dire qu'ils méritaient de mourir pour autant? Non, bien-sûr que non. Je déteste seulement l'idée de savoir que ton histoire n'a pas eu tous les chapitres qu'elle méritait.
En fait, je déteste réaliser que ton histoire n'était pas inscrite sur les mêmes pages que la mienne.
Je n'aurais jamais pu imaginer que, là où la tienne se terminait, la mienne continuait.
Ta tombe est toujours fleurie. Certaines ont fanées mais d'autres viennent d'être déposées. Sûrement des amis. Les tiens, ceux de nos parents. Les voisins. La famille. Ils prennent soin de ta tombe lorsque, nous, nous ne sommes plus là. J'ai toujours pensé que les tombes étaient surtout pour les vivants. Qu'on pouvait se recueillir n'importe où. Que les morts se trouvaient plus là où ils avaient vécu plutôt que là où ils ont été enterré. Mais, malgré le fait que je pense tout ça, je suis reconnaissant de voir ta tombe colorées de fleurs. Et j'ai ressenti le besoin de t'en emmener aussi.
Des roses blanches. Je sais que tu les aimais beaucoup. Plus que les rouges ou les roses.
Je me penche pour les déposer sur la tombe, regardant la photo de Aimée au passage. Je ne suis pas sûr de l'avoir regardé le jour de son enterrement. Je ne suis pas sûr d'en avoir eu la force. Ça faisait trop mal de réaliser qu'il n'y a plus qu'à travers des images ou des vidéos que je la verrais. A travers des pixels. Figée.
Je déglutis difficilement et prends une grande inspiration avant de me mettre à parler à voix haute:
« J'ai réussi les examens de fin d'année. »
Je souris légèrement et tente de l'imaginer là, devant moi, en train de m'écouter. Comme elle le faisait lorsque je m'incrustais dans sa chambre pour m'asseoir en face d'elle dans le lit. On pouvait parler pendant des heures comme ça. Ou encore se chamailler. Depuis que nous étions petits nous avions notre propre chambre et, pourtant, ce n'était pas rare de nous voir squatter le lit de l'autre. Nos parents savaient que, s'ils ne me trouvaient pas, c'était que j'étais avec Aimée. Et inversement.
« Avec seulement dix de moyenne tout pile. Mais j'ai réussi. On a tous réussi.»
Malgré mon sourire, je peux sentir mon coeur se serrer lorsque je continue en regardant la photo d'Aimée:

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SILENCE [L.S] ✓
RomanceLouis ne débute pas sa dernière année de lycée de la meilleure des manières. Une violente bagarre entre lui et un camarade l'amène dans le bureau du proviseur qui lui annonce que c'est la bagarre de trop depuis ces deux dernières années. S'il ne veu...