Mon bel inconnu - Pierre Gasly

Chapitre 12

PDV Pierre

Quelle idée j'avais eu de m'attacher à une monégasque ? C'est pas comme si c'était la porte à côté. En plus, la fin du mois de juin était assez rythmé puisque que sur 3 week-ends, on enchaînait 3 Grands Prix. Je commençais à galérer à concilier les entraînements, les courses et mes aller-retour chez Charles. À force, j'avais même peur de le saouler à venir toutes les semaines. Il m'assurait le contraire et me rassurait en me disant qu'il n'aimait pas être seul mais ça ne m'empêchait pas de culpabiliser. Néanmoins, je m'accrochais à Ellie et ses lettres. On apprenait à découvrir la face cachée de l'autre avant même de connaître nos goûts. C'était tout nouveau pour moi, j'étais habitué aux relations superficielles sans réel but. Mais c'était différent, elle était différente et je ne voulais surtout pas tout faire capoter.
Ce soir, c'était le départ pour le Grand Prix d'Autriche, j'étais arrivé chez mon meilleur ami ce matin dans l'optique de prendre l'avion ensemble. Et accessoirement, récupérer la lettre d'Ellie au jardin exotique.

« - Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas perdre patience, devoir attendre 1 semaine entre chaque message, comment ça m'aurait vite saoulé, me dit Charles.
- Le jour où tu te décideras à arrêter de changer de partenaire tous les jours, tu comprendras, le taclais-je.
- Oh tout doux loulou, prends pas la confiance non plus, je vis très bien comme ça, j'ai pas besoin de plus.
- C'est pour ça que t'es autant impliqué dans mon histoire alors ?
- Oui bon j'avoue, si un truc aussi mignon pouvait m'arriver, je ne dirais pas non mais en attendant ça va, la vie est belle. D'ailleurs tu trouves la lettre d'Ellie ? me demanda-t-il en fouillant au pied d'un arbre.
- Oui tiens, elle est là, elle a dû voler avec le vent, répondis-je en la ramassant dans un buisson.
- ALORS ELLE DIT QUOI ?
- Charlot, non pas que je ne t'apprécie pas, mais j'ai l'impression qu'on va finir en trouple si je continue à te lire chacune de ses lettres, riais-je.
- Ok ok, c'est bien parce que ma meuf n'est pas prête à me partager que j'accepte.
- TA QUOI ? T'AS VRAIMENT OUBLIÉ DE ME DIRE QUE T'ÉTAIS EN COUPLE OU ÇA SE PASSE COMMENT ?
- Ah oui peut-être alors, répondit-il en me faisant un clin d'œil.
- PURÉE CHARLES T'AS CHOISI LE PIRE MOMENT, JE SAIS PLUS SI JE DOIS LIRE LA FEUILLE OU T'ÉCOUTER ?
- Ah mince, tu vas devoir faire un choix alors, continua-t-il le sourire aux lèvres.
- Mais non, j'hallucine, t'en as fait exprès. Me dit pas que t'es jaloux quand même ?
- Moi jaloux ? Non jamais de la vie, c'est vraiment pas mon genre.
- Charles.
- BON OK, mais vas-y tu viens me voir seulement pour parler à Ellie.
- Moh mon Charlot viens par là, je joins juste l'utile à l'agréable, lui dis-je en ouvrant mes bras.
- Ok mais c'est qui l'utile entre elle et moi, me demanda-t-il.
- Charles. C'est. Une. Expression.
- Dit que tu joins l'agréable à l'agréable et je te laisse tranquille.
- Je joins l'agréable à l'agréable.
- C'EST BON T'ES PARDONNÉ, MAINTENANT, TU L'OUVRES CETTE LETTRE !
- Non d'abord tu m'expliques qui est cette fille, lui demandais-je en souriant. »

Je vis son regard s'illuminer en l'espace d'une seconde. Ce qu'il venait de faire prouver que c'était un véritable ami, et je devais lui rendre la pareil. Il avait su m'avertir que j'allai trop loin en prenant le risque que cela me chiffonne. Il n'y avait pas besoin de méchanceté ou de dispute, juste un petit rappel à l'ordre déguisé. Il avait totalement raison, j'avais tendance à le prendre pour acquis et à me focaliser sur Ellie.
Une fois son récit terminé, il ne me cacha pas sa curiosité à l'égard de la réponse d'Ellie. Je décidai de la lire de mon côté et d'ensuite lui partager les points clefs. Il aurait fallu voir ma tête quand j'avais ouvert le papier et que je m'étais aperçu qu'il n'y avait qu'une seule phrase : « demande une pizza au restaurant que je t'ai dessiné en disant que tu viens de ma part pour avoir ma réponse à ta question ». Ma stupéfaction devait être flagrante parce que Charles s'était, aussitôt, précipité vers moi pour lire par dessus mon épaule.