13. Sans échappatoire

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- T'es nouveau ?

- Oui-

Un cri d'effroi m'échappa lorsque l'homme se prit une balle dans l'oeil, sous la rapidité monstrueuse d'Isaac, sans même que nous n'ayons eu le temps de cligner des yeux.

- Ça se voit, murmura ce dernier en regardant le cadavre de sa victime qui gisait désormais à ses pieds.

Moi je le regardais, incrédule, jusqu'à me décider à descendre les marches pour arriver à son niveau. Je passais à côté du mort, sa dépouille ne m'intimidant nullement. Une brève pensée m'effleura l'esprit, celle qui me murmura que mon indifférence était peut-être inquiétante.

- T'aurais pu éviter tout ça si tu n'avais pas bougé de cette fichue place comme je te l'avais dit. Mais madame ne veut en faire qu'à sa tête hein ? me dit le brun qui se tenait à présent face à moi.

- Tu m'as laissé là-bas ! me justifiai-je.

- J'allais revenir te chercher putain !

- On aurait pas dit pourtant !

Il marqua une pause, me regarda incrédule, avant de poursuivre :

- C'est vrai. Ça ne tiendrait qu'à moi je t'aurais laissée crever là-bas, me dit-il d'un ton rageant et de plus en plus proche de mon visage. Et tu sais pourquoi ? Parce que j'te dois rien bordel ! J'en ai rien à foutre, moi, de ta gueule. J'ai seulement promis à Helia et Suzan de te faire sortir d'ici avec moi, c'est tout.

- T'es tellement détestable, j'en reviens pas, lui répondis-je les yeux dans les yeux.

- Je viens de te sauver la vie là je te rappelle.

- Je ne t'ai rien demandé, lançai-je.

Retournement de situation.

Revoilà cette fameuse phrase, la seule qui nous venait en bouche lorsque l'on voulait rejeter la faute sur l'autre et se dénuer de toute responsabilité, de toutes conséquences. Cette phrase amère qui faisait regretter la personne en face de vous avoir tendu la main. Cette même main que l'on espérait pourtant nous voir tendu, mais qui nous rassasiait dès le mal parti, tels des ingrats.Je lui mentais et je me mentais à moi-même.

Nos voix qui s'étaient élevées jusqu'à présent se turent, pour laisser nos yeux parler à notre place, comme si les mots n'étaient pas suffisants pour exprimer nos émotions. Son regard à lui était haineux, avec une touche d'agacement et d'exaspération.

Quant à moi, je supposais que mon regard soutenant était tout aussi venimeux. Sa façon de me parler me piquait dans mon égo, et c'était peut-être la raison pour laquelle je voulais lui rendre la pareille. C'était peut-être parce que je lui en voulais d'être ainsi à mon égard, que la colère naissait en moi, avant de se déferler sur lui comme un ouragan inévitable.

- C'est parce que tu sais que t'as de beaux yeux que tu me regardes comme ça? lança-t-il soudainement dans un sourire espiègle.

Sa réflexion hors de contexte me laissa stupéfaite. Une remarque sortie de nulle part, et ce, seulement pour avoir le plaisir de me déstabiliser et de me ridiculiser, c'était tout lui. Il adorait se payer ma tête.

Il avait glissé les mains dans les poches de son jean, adoptant une posture décontractée qui accentuait son charme nonchalant. Mon regard captait le sien alors qu'il laissait son regard dériver avec une assurance provocante vers mon décolleté, sans faire mine de dissimuler son appréciation. Il arborait un sourire en coin, avant de se lécher la lèvre inférieure.

Je sentais mon cœur battre un peu plus vite, une chaleur subtile montant aux joues. Malgré moi, je me surpris à apprécier son attention audacieuse.

RENAISSANCEDonde viven las historias. Descúbrelo ahora