Chapitre XXVIII

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   Amin attendait depuis un long moment. Il se demandait si Lila allait tenir sa parole et revenir le voir. D'un côté il était persuadé qu'elle allait revenir. D'un autre, il devait admettre qu'elle avait sûrement l'intention de se cacher. Après tout ce qu'elle devait avoir vécu, elle avait probablement changé. Jamais il n'aurait cru que la jeune fille qu'il avait arraché à son monastère s'enrôle dans le plus grand groupe de rebelles du pays.

- Et c'est moi qui ai déclenché tout cela, soupira-t-il.

Le capitaine ignorait les regards qui le fixaient depuis tout le temps qu'il était assis sur ce banc. Lorsqu'il s'en aperçut, il regretta de porter son armure de la légion.

Amin finissait sa ronde avec Lionel sur le rempart lorsqu'il avait aperçut, en dessous de lui, la jeune fille courir droit vers le port. Il n'avait pas hésité une seule seconde et l'avait suivit. Lionel l'avait rejoint une heure plus tard après la fin de son service.

- Je serais elle, je ne reviendrais pas.

- Merci Lionel de toujours être optimiste et encourageant.

- Je dis juste ce que j'aurais fait, mais elle n'est pas moi !

Le capitaine roula des yeux, légèrement amusé. Cependant, il commençait à perdre espoir et hésitait à rentrer à la caserne.

Tout à coup, il vit Lila accourir, essoufflée, suivie d'un petit garçon qui hurlait de l'attendre. Amin et Lionel se levèrent précipitamment de leur banc et fixèrent la jeune fille, les yeux grands ouverts. Amin vit une hésitation dans le regard de Lila lorsqu'elle aperçut Lionel. Après une inspiration pendant laquelle le petit garçon la rattrapa et s'accrocha à sa jambe, elle s'approcha d'eux.

- Vous pourrez faire ce que vous voulez, m'enfermer en prison, m'obliger à devenir légionnaire, me tuer... Mais aidez-moi à sauver sa mère, dit-elle en désignant le petite garçon aux cheveux noirs ébouriffés qui l'accompagnait.

Les deux légionnaires s'attendaient à tout sauf ça. Ils échangèrent un regard, surpris. Amin ne put s'empêcher de penser qu'elle avait changé. La jeune fille qu'il avait récupéré au monastère quelques mois plus tôt n'avait rien à avoir avec celle qui se tenait devant lui ce jour là. Réservée, calme et douce, la voilà aujourd'hui devant eux, bien droite et sûre d'elle, à vendre sa vie pour celle d'une autre.

- S'il-vous-plaît ! s'impatienta la jeune fille. C'est urgent, elle a besoin d'un guérisseur au plus vite !

Lionel adressa un regard interrogateur. Le capitaine hocha la tête, signe qu'ils allaient suivre la demande de Lila. Elle avait beau avoir changé, s'être faite enrôler dans le groupe des Cracheurs de Feu, Amin avait toujours senti une gentillesse profonde dans le cœur de la jeune fille. Et après tout, il lui devait la vie.

Lui et Lionel la suivirent donc à travers la ville jusqu'à une vieille maison prête à s'écrouler.

Lila les amena au chevet d'une femme qui avait l'air très mal en point. Les deux hommes n'avaient pas du tout les compétences de juger ou non la gravité de la maladie mais son état semblait vraiment critique. Ils portèrent la femme jusqu'à l'infirmerie de la caserne.

En les voyant arriver avec trois habitants des remparts extérieurs, les guérisseurs et les quelques légionnaires qui passaient par là ne purent retenir des expressions de surprises et d'indignation.

Sans les prendre en compte, Amin et Lionel déposèrent la mère de Tao sur un lit libre.

- On a besoin d'aide ici, ordonna le capitaine.

Un jeune apprenti guérisseur tremblant de timidité face au capitaine Er-Payan s'approcha.

- On a besoin d'un vrai guérisseur, s'indigna Lila qui se retourna vers toutes les personnes qui étaient entrées dans la pièce.

Lila TolenWhere stories live. Discover now