Cartello Nemico

04. Nouvelle vie.

" Les larmes invisibles qui coulent à l'intérieur sont les plus difficiles à sécher, à effacer et à s'en débarrasser."

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4h45

Maison, Manhattan

Layana

Quatre mois.

Quatre putains de mois.

— Layana, dépêche-toi de descendre, me crie-t-elle d'en bas.

— J'arrive, soufflé-je en fermant ma valise.

Je la porte puis la fait glisser jusque l'entrée de ma chambre. Je me retourne, nostalgique. Cette pièce, qui était autrefois mienne, n'est plus décorée à ma façon, n'est plus remplie de vêtements, n'est plus chaleureuse et accueillante comme elle l'était il y'a quatre mois, elle est désormais vide.

Totalement vide.

Je ferme la porte de cette nouvelle pièce inconnue puis me retourne. Je descends les escaliers, munie de ma valise dans la main droite et mon téléphone dans la gauche. Arrivée dans le hall, je vois ma belle-mère, toujours accompagnée de ses béquilles mais étrangement bien en forme pour quelqu'un ayant été plongée deux mois dans un coma profond. Et surtout, pour une femme venant de perdre son mari il y'a à peine quelques mois.

Enfin bon, je n'ai pas mon mot à dire la dessus.

— On va être en retard à cause de toi, râle-t-elle, dépêche toi.

— Je fais un dernier tour des lieux pour voir si je n'ai rien oublié, dis-je d'un ton las.

Elle me regarde sévèrement mais finit par souffler et me préviens qu'elle m'attend dans la voiture tout en me tournant le dos.

— Et ne prend pas quinze ans, m'averti-t-elle depuis l'entrée avant de claquer la porte.

Je lève les yeux au ciel et redécouvre cette immense maison, comme si je ne l'avais pas connu pendant onze années.
Je longe le grand couloir noir et frôle la tapisserie en marbre or, du bout de mes doigts.Papa a toujours eu beaucoup d'argent depuis qu'on a déménagé, je trouvais même ça très étrange mais bon, c'était que bénéfique.

Il m'avait expliquée qu'il avait rencontré un ami, que je n'ai jamais vu d'ailleurs, et qu'ils ont vite fondé une entreprise de voitures. On a donc pu se procurer cette immense maison. Je continue mon exploration, m'attardant sur les cadres photo accrochés aux murs des couloirs.

Aucun d'entre eux ne me représente.

Aucun.

Je ne suis présente sur aucune de ces photos. Il n'y a que des photos de Papa et Vanessa, en Australie, en Russie, en France. Je ne figure nul part, je sais d'avance que si un inconnu vient ici, il penserait probablement que c'est simplement une maison d'un vieux couple riche qui met tout son argent dans les voyages.

Quand je leur avait demandé pourquoi ?

Papa m'avait répondu qu'il n'y avait plus de place et surtout, que l'on n'avait aucune photos belles de nous trois.

Je n'ai jamais oublié.

J'ai simplement appris à vivre avec.

Arrivée devant cette pièce en particulier, je m'arrête et souffle un coup avant de l'ouvrir. Son odeur me frappe en plein visage. Elle y est encore, elle n'a pas bougé, comme s'il était présent il y a encore quelques heures. La dernière personne à avoir mis les pieds dans cette pièce est morte et enterrée sous terre. Personne n'a osé entrer de peur d'attiser sa colère. c'était son endroit, il s'énervait très fort lorsque j'y entrais sans autorisation.