8. Représailles

Beginne am Anfang
                                    

Le reste de la journée se déroula dans une sorte de brume floue. Les clients défilaient, mais je ne les voyais pas vraiment. Mes gestes étaient mécaniques, répétitifs, vidés de toute émotion. D'un côté je m'y attendais, de l'autre, je pensais que cela me tomberait dessus bien plus tard, et pas si soudainement. J'avais l'envie de me réjouir d'avoir enfin quitter ce job de merde, mais je ne devais pas. Parce que maintenant, j'étais sans rien.

L'infime partie que j'avais mise de côté ne me suffirait pas à rester sans travail plus de trois mois si je comptais mes quelques dépenses quotidiennes.

Je repensai alors aux 20 000$ qui étaient toujours cachés précieusement dans l'arrière boutique. Au pire des cas, je pourrais tenir un an et demi, voire deux ans si je me contentais du sticte minimum au quotidien.

Je soufflai d'agacement. Me contenter d'encore moins allait être compliqué, puisque je vivais déjà du strict minimum.

À la fin de mon service je décidai d'enfin emmener avec moi cette mallette, quoique je n'avais plus vraiment le choix.

Et l'angoisse était à son comble.

L'arrière-boutique était silencieuse, sombre. Chaque pas que je faisais résonnait comme un coup de marteau sur une enclume. 

À vrai dire, je n'avais pas eu le courage de la sortir plus tôt, n'étant pas très à l'aise à l'idée de me balader seule tard la nuit avec une telle somme dans un quartier qui craignait autant. Le courage n'était pas encore au goût du jour chez moi.

Je me rendis dans l'arrière cave abandonnée, et soulevai les quelques parquets sous lesquels se trouvait le précieux. La mallette était toujours là, intacte. Je la pris, mes doigts tremblant légèrement. 

J'éteignis ensuite les lumières avant de fermer la porte à clé derrière moi. Carlos se chargera de descendre le rideau métallique en sortant.

Je soufflai un bon coup et m'engageai alors dans cette nuit glaciale, tout en serrant l'objet aussi fort que possible contre ma poitrine.

Autour de moi, la brume s'élevait des ruelles, enveloppant les bâtiments dans un voile grisâtre, comme pour accentuer la mélancolie ambiante du quartier. Les réverbères vacillaient faiblement, projetant des ombres dansantes sur le sol gelé. Le vent soufflait tristement, transportant avec lui des murmures d'une solitude palpable.

Je tentai de dissimuler tant bien que mal la mallette sous mon manteau à la doublure défraîchie, même si cela n'était qu'en vain.

Il ne me restait qu'à presser le pas.

Mon regard se glissai fréquemment par-dessus mon épaule, scrutant l'obscurité environnante avec méfiance. Une inquiétude grandissante émanait de chaque fibre de mon être, alimentée par le sentiment persistant d'être suivie. Mon pas s'accélérait imperceptiblement, tandis que je tentai de m'éloigner de cette présence qui me hantait.

Les rues étaient désertes, et les rares passants que je croisais semblaient tout aussi pressés de rentrer chez eux, évitant tout contact visuel. La tension dans l'air était presque palpable. Après quelques minutes de marche, je me sentis tirée sauvagement par derrière, avant d'être trimballée lâchement dans une impasse entre deux murs d'immeubles. Et voilà. Aucun bruit ne put sortir de ma bouche, une main me la tenant fermement.

L'individu me plaqua contre le mur, et une fois devant moi, la lumière de la lune l'illumina, et le souvenir de son visage me frappa de plein fouet.

- Tu te souviens de moi pas vrai ? me demanda-t-il sournoisement.

Ce n'était pas un homme qui en voulait à ma mallette, non. C'était l'homme de la supérette, celui que j'avais insulté, rien que ça.

L'expression de son visage était perverse et malaisante. Ses yeux étaient grands ouverts, et sa bouche entre-ouverte comme si j'étais en cet instant son plat de résistence. Il respirait vite comme s'il avait couru un marathon, ou bien n'était-ce que le fruit de son excitation.

RENAISSANCEWo Geschichten leben. Entdecke jetzt