CHAPITRE 5

99 12 12
                                    

« Celui qui cherche la vengeance devrait commencer par creuser deux tombes. »
Confucius

♛♛♛






Ambre










— Je t'avais dit de te changer, me sermonne Andrew dans la limousine. Tu te rends compte de l'affront que tu t'apprêtes à faire ? C'est ta première impression et c'est... comme ça, dit-il en pointant ma tenue, que tu vas te présenter.

— Et manquer de me faire remarquer ? Certainement pas. Cette robe est parfaite.

Il est de bienséance de ne pas venir vêtue d'une robe qui laisse apercevoir plus de peau qu'elle n'en couvre à l'accoutumée, mais l'Homme oublie facilement ce qui ne le choque pas.

Les scandales, voilà ce dont le monde se souvient, et c'est exactement ce que je suis venue offrir à cette aristocratie de mes deux, ce soir.

Le décolleté plongeant de ma robe laisse apercevoir le tatouage en forme de serpent qui s'étale entre mes seins et la fente qui l'accompagne vient lécher le haut de ma cuisse droite, jusqu'à à la lisière de ma peau brûlée.

Je dois donner une raison à Isaac de me regarder moi, plutôt qu'une autre.

Moi, plutôt que sa propre fiancée.

Même si leur mariage n'est que de convenance, il me faudra plus que mes beaux yeux céruléens pour le convaincre de m'épouser. Mais il paraît que je sais me montrer irrésistible.

— Ne t'éloigne surtout pas, me prévient Andrew, je te présenterai aux personnes importantes en temps voulu. D'ici là, essaye de ne pas trop attirer l'attention. Tu te souviens ce que je t'ai dit ?

Je lève les yeux au ciel, agacée qu'il me prenne encore pour une adolescente écervelée.

— Je viens de décrocher mon diplôme de finance à Princeton et je cherchais à investir dans une entreprise en plein essor alors tu m'as contacté lorsque tu as reçu ma lettre, je récite. Tu étais mon parrain lorsque j'ai reçu la bourse d'études d'Arès, et c'est grâce à ça que j'ai pu finir mes études.

Tu parles. Si j'ai décroché mon diplôme en tant que major de promo, c'est uniquement parce que j'étais assez intelligente. Profiter de l'argent de Seto n'a été qu'un plus.

Il a tellement d'argent, qu'il ignorait où le dépenser, alors pour redorer son image, il a fondé une association qui aide les orphelins à entrer dans de grande université. Comme c'est gentil de sa part. On pourrait presque le prendre pour un sain.

Et si aujourd'hui je porte le même nom qu'Andrew, c'est parce que le jour où il m'a abandonné devant cet orphelinat en plein milieu de Boston, je n'avais plus d'identité. Que dalle. Alors pour des mesures administratives, on a convenu que j'emprunterais le sien.

—Bien, tâche de t'en souvenir lorsque tu les rencontreras, dit-il en attrapant mon bras.

D'innombrables voitures sont garées devant la bâtisse du domaine des McGuire. Je n'ai même pas encore mis un pied à l'intérieur du bâtiment que j'arrive à imaginer sans grande difficulté le genre de personnes je m'apprête à rencontrer.

Blindés. Stupides. Et complotistes.

Une petite voix me souffle que je n'aie pas ma place parmi eux, mais je la fais taire en redressant mes épaules pour reprendre contenance.

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine. Excitation et terreur se mêlent pendant que j'avance.

Je n'ai pas revu Seto depuis cette fameuse nuit, il y a dix ans, et je n'ai pas la moindre idée de la façon dont je pourrai réagir lorsque je lui ferai face.

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant