CHAPITRE 2

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« Qui n'a plus d'espoir, n'a plus de regrets. »
William Shakespeare



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Isaac












L'homme par nature, n'est pas fondamentalement bon ou mauvais. Il divague, entre le bien et le mal, à la recherche de la nuance de gris la plus adéquate, car ce monde n'est ni noir, ni blanc. C'est une large palette de couleurs qui s'étale, de la plus claire à la plus sombre des teintes, en s'adaptant à notre vie.

Chacune de nos actions, chacun de nos choix, participe à la création de la personne que nous sommes. C'est pour ça que malgré tous ses défauts, j'ai toujours essayé de comprendre mon père lorsque son comportement de sombre connard refaisait surface.

Du moins, c'est ce que je pensais, mais je me suis vite rendu compte que l'être humain pouvait être diabolique. Satan serait fière de nous. Je l'ai compris le soir où j'ai vu mon père abattre de sang-froid l'un des hommes qui travaillait pour lui. J'entends encore sa voix parfois, supplier mon père à genoux de lui laisser la vie sauve, mais Seto McGuire ne laisse jamais aucune preuve de ses méfaits et c'est là que j'ai réalisé que mon père ressemblait plus à un monstre qu'à un homme.

J'avais vingt ans, quand j'ai compris que j'étais le fils d'un meurtrier.

Pourtant, ma naissance même aurait dû me mettre la puce à l'oreille.

Je n'ai jamais connu ma mère. Elle est morte en me donnant la vie, un soir de décembre, alors que les premiers flocons de l'année nous faisaient l'honneur de leur présence.

J'ai appris, bien plus tard, que mon père n'était pas présent ce jour-là, trop occupé à bâtir son empire. Il a laissé sa femme mourir, et quand il l'a appris, il n'a pas pleuré.

Tout le monde disait qu'il ne l'aimait pas, et c'est avec cet adage que j'ai grandi.

L'amour, le vrai, je ne l'ai jamais goûté.

Sarah, la femme qui m'a élevé, m'a avoué que ma mère n'a pas pleuré lorsqu'elle a réalisé qu'elle allait mourir, seule, dans sa propre maison. Au contraire, elle avait le sourire aux lèvres. Peut-être était-elle heureuse d'enfin pouvoir quitter l'homme qui ne lui a jamais rendu l'amour sincère qu'elle lui portait.

Il neigeait tellement ce soir-là, que le SMUR n'a pas eu le temps de se rendre sur place pour lui sauver la vie.

Peut-être que dans d'autres circonstances, ma vie aurait pu être différente.

Différente de cette prison dorée que j'appelle ma maison.

Différente de cette existante au goût de cendre que j'appelle ma vie, si amer, que rien n'arrive à l'adoucir.

— Tu rêvasses encore, me fait remarquer Elizabeth, pendant que j'observe le tableau gigantesque que mon père a fait accrocher sur le mur de l'escalier principal de ma maison, uniquement pour la soirée qu'il organise dans quelques jours.

Lui, debout, fière comme un coq et moi, simulant ma joie avec une facilité qui ne m'étonne même plus.

Je suis devenu un expert dans l'art du mensonge. À l'instar d'un trompe-l'œil, on s'y méprend sans le vouloir sur mes réelles intentions. Pourtant, n'a pas toujours été comme ça.

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant