Prologue

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Il y a un an.

Je me rends à cette soirée entre amis sans me douter de rien. Simplement parce que nos petites réunions entre potes sont fréquentes. Depuis la fac, nous sommes un groupe bien soudé et certains diraient même qu'on se voit beaucoup trop souvent. D'accord, nous sommes ensemble tous les vendredi et samedi soir, moi je ne vois pas où est le problème.

– Entre, Hadrien.

Quand je franchis le pas de la porte, j'ai l'intuition que quelque chose ne va pas. Un seul regard en direction des autres me fait comprendre qu'il va se passer quelque chose. Ils ont une attitude étrange.

– Assieds-toi.

Julien me propose de m'installer dans un fauteuil. La disposition de son salon a changé. Normalement, nous sommes tous réunis autour de la table basse, pour boire de l'alcool et grignoter des apéros, une soirée normale en somme. Là, je prends place dans le fauteuil qui a été mis d'un côté, alors qu'en face il y a le canapé et des chaises.

– Qu'est-ce qui se passe, c'est un tribunal ?

– Il faut qu'on te parle.

Mes amis viennent de prendre un air grave. Je commence à flipper.

– L'un d'entre vous est malade ?

C'est la première chose à laquelle je pense. Ils n'ont pas l'attitude de ceux qui vont m'annoncer une bonne nouvelle, genre un mariage. Il y a forcément quelque chose qui ne va pas.

– On s'inquiète pour toi.

– Ah non, vous n'allez pas encore essayer de me trouver un mec, vous avez vu les catastrophes.

– Ce n'est pas ça.

– Bon alors, dites ! Vous commencez à me faire peur.

– On se demande ce que tu es en train de faire de ta vie.

– Euh, bah, je bosse comme serveur, je suis célibataire, je suis heureux.

– Tu pourrais faire tellement plus.

– C'est ma mère qui vous envoie en mission ?

– Non. Écoute, tu as toujours été un électron libre, on le sait, tes études c'était un peu n'importe quoi.

– Tout a bien commencé, enfin tu avais l'air d'apprécier la philosophie.

– Ensuite t'as changé pour la fac d'histoire.

– Puis tu as fait de la sociologie.

– T'as continué avec la psychologie.

– Pour te retrouver sans diplôme.

Je regarde mes amis. Je ne sais pas exactement ce qu'ils sont en train de faire, mais ce qui est certain c'est qu'ils se sont longuement concertés avant cette soirée. Ils se sont penchés sur mon cas, ils s'inquiètent vraiment, je ne sais pas de quoi.

– Maintenant, tu enchaînes les petits boulots.

– Et ça me convient parfaitement.

– Tu es sûr que tu ne veux pas autre chose ?

Ils ont tous bien réussi. En face de moi j'ai un avocat, un chef d'entreprise, un proviseur de lycée et un entrepreneur dans le bâtiment qui est tellement doué qu'il fait fortune.

– À côté de vous, oui je donne l'impression d'avoir légèrement raté ma vie professionnelle, mais je n'ai que trente ans, j'ai encore le droit de chercher ma voie !

– Tu la cherches ?

Je baisse les yeux.

– On sait comment tu es. Tu te passionnes pour un sujet, tu te donnes à fond et puis... tu abandonnes pour passer à autre chose.

HadrienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant