Calendrier de l'Avent 2022 [Terminé]

13🎄 L'Envol de Noël

Ajustant son bonnet rouge sur ses cheveux blonds, Lisa jeta un coup d'œil vers sa sœur aînée. Son chignon lâche coincé sous son bonnet gris, seules quelques mèches de couleur châtain s'échappaient des mailles de laine. Son nez droit dessinait joliment son profil, alors que celui de Lisa semblait jaillir de son visage de manière exagérément protubérante. Sa peau, bien plus mate que la sienne, dont le teint se rapprochait plutôt de celui de l'ivoire ou même d'un spectre, mettait en valeur ses yeux d'un bleu clair et pur dans lesquels transparaissaient ses émotions avec une lisibilité saisissante. Le miroir de son âme, le reflet de son cœur. Une fenêtre ouverte sur les méandres de son esprit.

La jeune femme avait toujours envié la beauté de sa sœur, sans qu'une réelle jalousie naisse en elle ; il s'agissait au contraire de l'admiration naturelle d'une petite fille envers son aînée, qui ne s'était jamais réellement estompée au fil des années. Elle avait été son modèle depuis toujours, malgré les différences flagrantes constituant leur personnalité. La force de caractère de Cara contrastait avec la douceur dont Lisa faisait preuve et qui était trop souvent confondue avec de la faiblesse. Le franc-parler de la première accentuait davantage la timidité de la seconde. Mais aussi bien le respect qu'elles portaient au monde que l'amour qu'elles se vouaient mutuellement les unissaient plus solidement que n'importe quel trait de caractère. Un lien de satin renforcé par des fils d'acier, un nœud tressé dans l'étoffe indestructible et veloutée de leur amitié.

Le regard de la cadette tomba alors sur le sac de voyage que sa sœur avait abandonné au sol, rappel douloureux de la raison de leur présence en ce lieu. Les larmes apparurent dans ses yeux avant qu'elle ne puisse s'en rendre compte, embuant ses iris mêlés de bleu et de vert qui devinrent deux lacs de nostalgie et d'amertume. D'affection et de peine. Son esprit refusait l'idée du départ de sa sœur, érigeant un mur qu'elle ne parvenait pas à abattre entre elle-même et cette simple vérité. Cependant, il s'agissait d'une réalité : elle partait, et il était trop tard pour changer d'avis. L'accepter serait la plus logique des solutions. Toutefois...

-Tu es vraiment sûre de vouloir partir ? demanda Lisa dans un murmure.

Cara tourna la tête vers elle et la regarda tout en restant muette pendant un si long moment que la cadette pensa qu'elle avait entendu le son de sa voix sans saisir les mots qu'elle avait prononcés. Les vagues courants d'air grossirent pour se muer en une soudaine bourrasque, glaçante et mordante, qui frappa les deux sœurs par son intensité. Lisa s'imagina immédiatement qu'elle était une punition pour avoir osé poser cette question culpabilisante et égoïste. Une fois le vent tombé, presque aussi brusquement qu'il s'était levé, la neige s'abattit à nouveau au sol, comme une couverture duveteuse et réconfortante. Moelleuse et rassurante. Un manteau destiné à oublier ses peines pour ne retenir que la douceur.

-Ce n'est pas que je le veux, souffla doucement Cara, répondant finalement à la question qui lui avait été posée. C'est que je le dois. Puis, je pense que ça nous fera aussi du bien, tu sais. Tu seras plus au calme, dans ton appartement, si je ne le squatte pas.

-Mais je m'en fiche, moi, que tu squattes mon apparemment, Cara... ! rétorqua Lisa. Tout ce que je veux, c'est que tu sois là...

L'intéressée passa son bras autour des épaules de sa sœur et l'entraîna dans une étreinte, chaleureuse malgré le froid ambiant. La jeune femme se blottit instinctivement contre elle et, redevenant la petite fille qui avait besoin de son aînée pour la rassurer, ses larmes dévalèrent le long de ses joues. D'adulte posée, elle passa à enfant naïve et crédule qui ne s'imaginait pas qu'un jour, celle qui partageait son sang ne vivrait plus sous le même toit qu'elle. Ces quelques mois passés ensemble dans le confort de son petit appartement l'avait détournée de la réalité de la vie, du besoin d'indépendance de Cara, de son propre désir d'épanouissement.