𝟷𝟾.

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Assis en tailleur d'un côté de la vitre, Shoto dirigeait toute sa concentration sur l'unique flamme rougeâtre crépitant et grandissant progressivement au creux de sa main. Sous le regard bleuté et peu intéressé de Toya l'observant de l'autre côté de la barrière vitrée, il sentait déjà des centaines de picotements parcourir son corps. Surpasser la douleur, agir comme si elle ne le faisait pas souffrir et maintenir son attention sur ce qu'il voulait faire de ses flammes, c'était que son grand frère lui disait de faire.

Mais plus il tentait de centrer son esprit sur son alter, plus les picotements devenaient douloureux. Il ne parvenait toujours pas à comprendre d'où lui venait cette souffrance. Avant de l'autoriser à reprendre l'entraînement héroïque, les médecins lui avaient assuré que son corps y était apte. Et pourtant, il lui semblait être plus faible que jamais lorsqu'il se retrouvait face à son propre feu.

Lorsque la douleur prit finalement le dessus sur ses tentatives de maintenir sa concentration, la large flammèche rougeoyante disparut subitement sous ses yeux, au sein desquels brillait une lueur de frustration. La mâchoire serrée et le corps tremblant, il recelait au fond de lui l'élan de colère qui ne demandait qu'à s'exprimer, d'autant plus quand il entendit Toya soupirer d'agacement.

«J'avais entendu dire que tu étais l'un des meilleurs de ta classe, et pourtant tu n'es même pas capable de faire face à une seule flamme, lança-t-il rudement

«C'est...à cause de la douleur, se justifia-t-il, honteux.»

«Je me contrefous que t'aies mal, je te pensais suffisamment fort pour surpasser ça. T'as bien survécu aux entraînements intensifs d'Endeavor quand t'étais qu'un gosse.»

Un poids sembla s'abattre contre la poitrine du bicolore à l'évocation des entraînements traumatisants de son enfance, guidés par son père.

«Toi aussi il te les faisait faire, ses entraînements ?»

«C'était différent, il ne m'a jamais forcé. J'étais celui qui venait le voir pour m'entraîner encore plus. Puis lui et maman m'ont obligé à tout arrêter. Et finalement tu es arrivé et c'était à ton tour d'y passer, expliqua-t-il, un sourire effrayant aux lèvres.»

Todoroki sentit sa gorge se nouer dangereusement face à l'expression qu'affichait son aîné. Ce visage, il l'avait souvent confronté quand il l'avait retenu prisonnier au fond de cette cave poussiéreuse, particulièrement toutes les fois où il s'était amusé à brûler une à une chaque parcelle de sa peau.

«J'ai pris ta place tu veux dire, rétorqua-t-il, le regard sombre.»

«Ouais, on peut dire ça. Sauf que toi tu tremblais dès qu'il t'approchait, tu savais pertinemment ce qui t'attendait, continua-t-il, ses yeux brillant de sadisme

«Et toi tu savais parfaitement ce qu'il me faisait, lui reprocha-t-il.»

«Évidemment. Tu croyais que maman était la seule à savoir ? Même Fuyumi et Natsuo se doutaient de quelque chose, bien qu'ils étaient loin de connaître les détails. Ils pensaient simplement qu'Endeavor t'engueulait dès que tu faisais les choses de la mauvaise manière. Mais la vérité c'est qu'il te frappait et te surmenait toujours plus.»

Face aux deux étincelles folles et bleuâtres le fixant, ainsi qu'à l'entente de cette voix le replongeant dans ses plus horribles souvenirs, le cœur du plus jeune battait à tout rompre sous sa cage thoracique. Sa gorge était affreusement sèche et son corps pris de tremblements.

«Il te faisait la même chose ?»

«Non, il n'a jamais levé la main sur moi quand il m'entraînait.»

𝗦𝗮𝘃𝗲 𝗠𝗲 𝗙𝗿𝗼𝗺 𝗧𝗵𝗲 𝗙𝗹𝗮𝗺𝗲𝘀 - 𝗍𝗈𝖽𝗈𝖽𝖾𝗄𝗎Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu