8 | Faiblesse

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RAVEN

Après ce qui s'est passé, Cade a transporté le corps de Race à l'extérieur pour le livrer aux personnes qui nous ont confié cette mission. Les autres se sont inquiétés pour moi car je ne leur avais envoyé aucun signal. J'avais déjà tué lors de mon évasion, mais cette fois, j'étais tellement envahie par le dégoût de son toucher, la pression de sa main contre ma peau, et la haine que j'ai ressenti une satisfaction en le poignardant.

C'est pour cela qu'Ivan et moi sommes rentrés ensuite. Il ne voulait pas que je reste entourée d'autant de personnes alors que je ne me sentais pas bien. Et moi aussi, j'avais envie de rentrer.

— Raven, concentre-toi, tu veux ? L'ennemi aurait déjà eu le temps de te toucher une dizaine de fois.

Je pose le fusil et me tourne vers Niguel, légèrement irrité. Il est tout aussi gentil que sévère. Ses performances de tir sont si exceptionnelles que je comprends qu'il se morde les doigts en voyant les miennes. Je n'ai jamais vu quelqu'un tirer aussi précisément que lui.

Il me prend le fusil des mains.

— Quand tu tires avec un aussi gros bijou, tu dois être préparée et concentrée. Bras tendu, jambes légèrement écartées, corps tourné de profil. Ensuite... Tu vises... Et tu tires en tenant bien l'arme pour amortir l'effet de recul.

Il marque en plein dans le mille, et je soupire. Mes bras sont courbaturés à force. Je m'étire en faisant craquer mes os, puis je reprends l'arme des mains.

J'expire doucement.

De profil... Jambes écartées... Bras tendu.

Je répète les mêmes mouvements que Niguel, qui m'observe patiemment.

Je vise... Et...

La détonation éclate dans la pièce, et je regarde ma cible.

— J'abandonne ! beuglé-je.

— Tu y étais presque.

— Presque, mais je n'ai pas réussi, dis-je, déçue.

— Ça ne s'apprend pas comme ça, tu mettras du temps, mais tu y arriveras, dit Niguel, un sourire aux lèvres.

Je détourne le regard. J'aurais déjà dû y arriver.

On termine notre dernier exercice, puis je m'en vais prendre une douche froide. Je suis énervée contre moi-même, et déçue aussi.

En passant devant les baies vitrées, je regarde le temps et le ciel gris. Le mois d'octobre a débuté il y a quelques jours, et l'humidité se fait sentir dehors. J'adore la pluie. Elle m'apaisait quand je rentrais chez moi à une époque. C'est aussi sous la pluie que tout a réellement débuté entre Ivan et moi.

Je pourrais réciter notre rencontre comme une mélodie impossible à faire sortir de la tête.

En atteignant le sous-sol, je me précipite presque dans la chambre pour me laver.

Je n'ai pas revu Ivan depuis hier. Il n'était pas dans son bureau. Cassian a aussi disparu, alors que c'est le premier à venir me casser les oreilles le matin. Navaya était avec moi au début, mais elle a dû partir pour une mission. Ils ont tous quelque chose à faire.

Et Cade... C'est toujours la même chose. Il surveille les arrivées et les départs de colis, et s'entraîne dans la salle de boxe. Ça doit être tellement ennuyeux...

Une semaine s'est écoulée depuis l'assemblée, mais tout le monde continue à partir en mission sans me prévenir. Ils m'excluent de leurs confidences, et ça m'énerve. J'ai l'impression d'être un fardeau. Ils pensent que je ne suis d'aucune utilité, alors que je m'efforce de leur prouver le contraire.

IGOR | en réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant