Chapitre 1 - Nouvelle vie à Eel

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Assise au milieu de son lit, elle contemplait la Lune, les jambes recroquevillées contre sa poitrine. En silence, elle détaillait la beauté de l'astre nocturne avec une certaine tendresse. C'était son seul réconfort sur ces terres inconnues. Moody ne se sentait pas forcément à sa place à Eel, malgré la bienveillance de Leiftan à son égard. Peut-être aurait-elle préféré décéder sur cette île.

Un soupir s'échappa de ses narines tandis qu'elle déposait son menton sur ses genoux, entourant ses jambes de ses bras nus. La cendrée était à la cité depuis quelques semaines maintenant, elle semblait avoir repris du poil de la bête. Peu sociable, elle s'était isolée avec les Purrekos à la demande de la Garde. Cela lui convenait. Elle avait un endroit où dormir, elle gagnait un salaire et mangeait presque à sa faim. La lunienne attendait son procès. Sa mémoire, elle, lui faisait toujours défaut.

Ses yeux se baissèrent sur ses pieds. Qui suis-je ? Où vais-je ? Que fais-je ? Toujours ces foutues questions existentielles auxquelles je ne peux répondre. Et toi, Lune, tu n'as pas l'air décidé de le faire non plus.

« Sois forte ma Fille. » maugréa la jeune femme d'un air ironique.

Moody secoua la tête d'un air las et se laissa tomber en arrière sur le matelas dur de sa chambrette. A nouveau son regard se perdit sur le voile de Nyx, récitant une à une les constellations qu'elle voyait afin de s'endormir paisiblement. La vie n'était qu'un long cycle monotone.

Alors que le soleil matinal caressait sa peau blanche, Moody émit un faible grognement en enfonçant son visage dans l'oreiller, fermant de son pied le rideau pour se protéger. Un soupir se fit entendre alors qu'elle s'étirait de tout son long, encore une journée longue à attendre dans cette foutue chambre. A regarder les étoiles danser entre ses doigts, à éviter les rayons du soleil. Non pas qu'elle ne pouvait en mourir, mais avoir le teint gris ne la mettait pas forcément en valeur. Tout autant que cette tenue horrible que lui avait fait livrer Leiftan.

Une expression de dégoût se dessina sur les traits de la lunienne. Du vert et du marron, quelle idée lui était passé par la tête. Elle leva les yeux au ciel avec exaspération. « Il faut que tu restes discrète. » lui avait dit le lorialet en lui tendant la boîte. Une nouvelle fois, elle se ressassait son arrivée ici. Du moins, les quelques brides qu'elle avait. Une odeur boisée et chaude, le son de la voix tranchante de la cheffe de la cité.

« Entre l'autre qui débarque en salle du cristal, elle qui vit sur île déserte, Ashkore qui nous joue des sales tours. Nous allons traiter les problèmes par ordre d'importance: je ne veux pas voir cette femme dans la cité pour le moment, assurez-vous de la cacher chez les Purrekos après qu'Eweleïn lui ai apporté les soins nécessaires. »

Un grognement pour toute approbation. L'homme qui la portait, la maintenant avec force contre son torse. Moody avait senti sa chaleur l'envelopper. C'était à la fois étrange et rassurant de se sentir aussi bien dans les bras d'un sombre inconnu. Comme s'ils ne faisaient qu'un. Comme si elle avait trouvé sa réponse.

Elle cilla pour revenir à la réalité, glissant son index sur sa bouche. Moody n'avait jamais revu ce Valkyon, pour au moins le remercier. La jeune femme s'assit dans son lit, se pencha pour attraper son accoutrement immonde et le passer sur son corps d'albâtre. Un pantalon marron, des bottines sans talons de la même couleur. Elle passa la cape verte sur ses épaules et rabattit la capuche sur son crâne orné d'une tresse cendrée. Pour passer un peu plus inaperçue, elle remonta le vêtement sur la moitié de son visage. On ne voyait plus que l'améthyste de ses yeux. Elle soupira avec lassitude et se donna la motivation de quitter ses lieux pour rejoindre la place du marché en silence, tête baissée.

𝕷𝖆 𝕱𝖆𝖈𝖊 𝕮𝖆𝖈𝖍𝖊́𝖊 𝖉𝖊 𝖑𝖆 𝕷𝖚𝖓𝖊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant