Episode 2
∞∞-∞∞ Dans le grand village ∞∞-∞∞
D'un pas altier, le coq préféré du grand sorcier s'envola vers la plus haute case du grand village. Il déplia plusieurs fois ses ailes avant de tendre son cou pour se détendre le gosier. Il marcha un peu sur le toit, espérant être vu par les poules et fut déçu de constater qu'elles étaient bien trop paresseuses pour se lever à une heure aussi matinale. Puis prenant son élan pour réveiller tout le village de son cri unique et inimitable, il coquelina fièrement à peine une demi-seconde avant qu'un lourd marteau venu de nulle part ne s'abatte sur lui et, l'écrase de tout son poids.
— Maudite volaille, maugréa Wuto, en grimpant agilement sur le toit de sa case.
Il y trouva le pauvre coq qui regardait vers le ciel d'un œil morne, l'air de se demander comment une si belle voute azurée avait pu lui tomber sur la tête. Wuto ramassa son marteau, arme qui ne le quittait quasiment jamais, et en enleva les plumes de couleur tachées de sang d'un geste plein de colère. De tout le grand village, il n'avait jamais compris pourquoi le coq choisissait sa case pour le réveil matinal.
Le soleil commençait enfin à poindre le bout du nez et éclairer de sa lumière majestueuse, la cité de Kush que l'on appelait communément le grand village.
Les quatre villages principaux étaient stratégiquement placés aux quatre coins de leur monde et reliés les uns aux autres par un seul et même endroit : le grand village où tout habitant pouvait se rendre sans craindre pour sa vie. Dans le grand village, les dons étaient exploités en commun et la vie y était prospère, trépidante. On pouvait, à condition d'être malin, s'y enrichir plus vite qu'en toute une vie de dur labeur. Si c'était les puissantes familles princières qui régnaient sur les quatre villages, au grand village, le pouvoir était confié à un Daro (commandant) chargé d'en protéger les habitants.
Du haut du toit, Wuto avait l'impression d'être à sa place, avec le monde à ses pieds. De là où il était, il dominait le grand village entier, encore désert de ses habitants surement couchés. Il sentit son cœur se remplir de fierté à l'idée que son père était à l'origine de cette union. L'esprit ailleurs, il fit tournoyer son marteau dans sa main avant de s'arrêter brusquement à l'idée qu'il était peut-être temps qu'il reprenne le flambeau de son père.
Wuto descendit du toit comme il y était monté, avec l'agilité d'un félin. Qui eut cru en voyant sa grande carcasse qu'il pouvait se déplacer aussi aisément. Wuto était le forgeron du grand village : haut de sept pieds, massif, adulé par les femmes de son entourage depuis sa plus tendre enfance pour sa grande beauté et sa peau couleur de miel. Il fallait bien avouer qu'il avait été largement gâté par les dieux du feu.
L'une des servantes sortit en catastrophe de la chambre réservée aux domestiques pour poser un tapis de raphia aux pieds de Wuto avant que sa plante des pieds ne foule le sol poussiéreux.
— Prince Wuto... pardonnez moi de ne pas m'être levé avant vous... bégaya la petite servante.
— Ca va. Ce coq de malheur ne me réveillera plus jamais avant toi désormais. Sois en heureuse. Mais ne t'inquiète pas, je ne te ferai pas donner de coup de cravache pour ne pas t'être levée avant moi... J'ai du mal à dormir ces temps-ci.
Elle s'agenouilla devant lui et avec sa robe, essuya les pieds plein de poussières de son maitre. Il lui retira ses pieds et s'agenouilla à son tour puis plongea ses yeux dans les siens en levant de l'index le petit visage abaissé:
— Comment t'appelles-tu ?
— ...
— N'aies pas peur ma belle, comment t'appelles-tu ?

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Foudre
RandomUne magnifique épopée entre différents peuples dans un passé imaginaire