17. Nightmares

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« ...sauf pour les enterrements. »

Mes yeux passifs fixaient la cassette qui tournait en boucle.

J'avais mal. Mon coeur était meurtri.

« Les familles, c'est comme les icebergs. Il y a une partie immergée que l'on ne voit jamais, sauf pour les enterrements. »

Mon cœur était lourd.

Maman.

Mon regard se perdait, me concentrant seulement sur son timbre de voix maternel, pure et sage. Ça faisait si longtemps.

Mes sens étaient éteints. Mes jambes ne bougeaient plus. Mon corps était complètement immobile.

Tout mon être s'imprégnait d'elle le plus possible.

Un visage se dessina devant moi, me ramenant à la vie.

Matthew.

Je levai faiblement le regard. Le sien m'interrogeait.

Je pris alors conscience que je me trouvais dans une pièce, sûrement la sienne.

Je n'eus cependant pas la force de faire marche arrière. De ne plus sentir cette douce vibration dans mes oreilles. De ne plus entendre sa voix. De la perdre. Encore une fois.

Qu'est-ce que tu fais là ? lâcha-t-il sans sympathie.

Je déglutis alors lentement, réorganisant mes pensées.

Je-je...pour-pourquoi ? bredouillai-je.

Je terminai mon semblant de phrase par designer du regard la cassette, incapable de formuler une simple question.

Il ne me répondit pas tout de suite.

Il me regardait. Cherchant, analysant chacun de mes mouvements, comme la première fois que je l'avais rencontré, dans cette cellule.

J'avais pourtant l'impression qu'il ne savait pas réellement ce qu'il devait faire, ou comment il devait agir.

Nous étions tout deux statiques, à se regarder, ne sachant que faire.

Moi, avec le coeur lourd.
Et lui.

Il détourna finalement le regard en direction de la cassette qui tournait encore en boucle et répondit :

C'est le seul enregistrement qu'on ait. C'était notre seul moyen de pression contre lui.

Lui. Mon frère.

Maintenant, on en a un nouveau. Toi.

J'étais leur nouveau moyen de pression.
Mais ça, je le savais déjà. Je le savais au moment où j'avais accepté de coopérer.

Mais à ce moment, je n'avais aucun lien avec ce dit-frère.

Que venait faire ma mère dans tout ça ?

Je passai une main sur mon front, fébrile.
Quelque chose m'échappait.

Au moment où j'allais de nouveau poser une question existentielle à Matthew, Aria déboula dans la pièce et lança :

June, ils veulent te voir.

Puis, elle aperçut Matthew et fit un pas en arrière, troublée par sa présence.

Elle s'effaçait.
C'était comme si elle était presque inférieure.

Ça me troublait, je n'aimais pas voir la seule personne à s'être montré incroyablement gentille envers moi se sentir de trop.
Je ne tolérais pas de la voir se rabaisser, inférieure à ces enfoirés.

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