CHAPITRE CXX - LE DRAGON COURONNÉ

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Alors que la nuit tombait, les maçons et charpentiers abandonnaient leur chantier. Ils posaient leurs marteaux, leurs truelles, leurs scies et abandonnaient l'édifice jusqu'au lendemain. La tour principale de Marineford, pulvérisée par l'attentat quelques semaines plus tôt, était reconstruite pierre par pierre pour retrouver son impressionnante structure. Mais pour l'heure, elle était plongée dans le silence. Au quartier général, l'animation était ailleurs.

Dans la tour Nord, où tout l'Etat Major était logé jusqu'à la reconstruction de la tour principale, les éclats de rire et de voix résonnaient contre les murs de pierre. Grands seigneurs, haut-gradés de la Marine, magnats de la presse... Tous se pressaient pour assister au spectacle. La naissance d'un nouvelle légende ; l'avènement du Dragon Noir.

La cérémonie avait eu lieu sur la grande esplanade de Marineford, devant des milliers d'yeux attentifs et éblouis. Edouard s'était présenté, noble et fier comme un chevalier sans peur et sans reproche, devant le très respecté conseil des Cinq Doyens. Ses longues mèches d'un bleu cendré étaient rejetées en arrière, les flambeaux dessinaient la forme parfaite de son visage et faisaient briller ses yeux. Dans l'assemblée, pas un spectateur, qu'il soit homme, femme ou enfant, n'était insensible à cet homme. Plusieurs l'enviaient, d'autres l'admiraient, certains le vénéraient.

Avec un sérieux impeccable, il avait récité ses vœux d'une voix forte, claire et solennelle. Puis, avec la grâce et la force d'un geste maintes fois répété, une médaille avait été accrochée à son vêtement. Une médaille d'or pur, aussi brillante et sublime que ce jeune homme adoré de tous. Alors, il s'était retourné pour faire face à l'assemblée et dans le tourbillon de sa cape avait crié :

- Il ne me manque plus qu'une couronne !

Et tandis que la foule enjouée éclatait de rire, la cérémonie s'était poursuivie. Pas pour le peuple de Marineford, qui rentrait à sa niche maintenant que la nuit était tombée, mais pour les invités de marque qui s'étaient regroupés à l'intérieur.

Les mets les plus rares étaient servis aux convives, accompagnés des alcools les plus chers. Des musiciens avaient été payés, mais personne ne les écoutait. Toute l'attention était tournée vers le nouvel amiral en chef, dont l'éclat attirait les admirateurs.

Les journalistes conviés faisaient profil bas. Entourés d'officiers et de nobles, ils n'osaient se faire remarquer. Certains tentaient parfois de poser une question à un invité, sans jamais oser approcher le Dragon. Sa seule aura faisait trembler les plus aguerris, qui se retrouvaient face à lui comme des enfants.

Le jeune McLadden, reporter au journal Le Nouveau Monde depuis quelques mois seulement, sentait ses mains moites transpirer sur son petit calepin.

- Franchement, ça craint... souffla-t-il à son photographe, planqué à ses côtés dans l'ombre de la pièce.

- Je sais, répondit-il. Mais que veux-tu faire ? L'amiral en chef est trop difficile et trop occupé, impossible de l'approcher alors qu'il est à ce point le centre de l'attention. Prenons quelques photos, deux trois interviews d'invités, et le rédac' chef sera très content.

Mais McLadden était un jeune reporter ambitieux. Il jeta un œil à ses homologues et, en les voyant trembler comme des enfants impuissants, se décida à agir. Quand une serveuse vint lui proposer un rafraîchissement, l'idée germa dans son esprit.

- Un cocktail ? Quelle bonne idée ! Et pourquoi pas deux ? s'écria-t-il en lui arrachant le plateau des mains.

- Mais... Que fais-tu ?! s'écria son photographe en le voyant boire les verres un à un, cul sec.

- L'alcool a de grands pouvoirs, mon vieux. Les couards qui sont planqués, là derrière, ont tous un balais dans le cul. Mais cet Edouard n'est rien de plus qu'un homme comme toi et moi. Si l'alcool me libère suffisamment, je n'aurais plus aucune gêne à aller lui parler !

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant