Chapitre 23

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Il faut encore deux bonnes heures avant d'installer Alexandre confortablement dans un lit propre. Il a beaucoup pleuré sous la douche, a englouti une boîte entière de au chocolat et une bouteille de jus de fruits. Baisse de tension, fatigue, hypoglycémie parce qu'il n'a rien mangé à midi et qu'en plus il a rendu son petit-déjeuner en arrivant à la fac.

— Et moi qui croyais être stressé, finit par dire Samuel en jetant les emballages vides à la poubelle.

— Je suis désolé...

— Faut pas. Mais parle-moi, faut pas qu'on se cache ce genre de trucs.

Samuel s'assoit au pied du lit. Il prend un des pieds d'Alexandre dans ses mains et commence à le masser. Son copain n'est vraiment pas du tout chatouilleux. C'est très frustrant.

— Tu veux appeler tes parents ?

Alexandre est à moitié endormi, il se contente de hocher vaguement la tête.

— On pourrait aussi se prendre un jour de congé supplémentaire par semaine, continue Samuel. Se calmer un peu sur l'alcool, sur la clope, manger plus équilibré.

— Baiser. C'est cool de baiser aussi. Ça fait des décharges d'hormones.

— Vraiment ?

Samuel laisse une de ses mains remonter sur la jambe d'Alexandre. Il n'a pas mis son bas de pyjama, et la route est libre jusqu'au genou. Le jeune homme finit par s'agenouiller sur le lit, virant la couverture au fur et à mesure de l'ascension de sa main.

— Comme ça ?

Ses doigts se glissent dans la jambe du caleçon d'Alexandre. Lui caressent l'aine. Un long soupir lui répond et les jambes d'Alexandre s'écartent, faisant définitivement tomber la couverture par terre.

— Dis Alex... C'est à toi de « verbaliser » aujourd'hui.

— Purée tu fais chier...

— Bien sûr, mon cœur.

Samuel dépose ses lèvres sur le nombril de son amant, le nez frottant contre son tee-shirt légèrement remonté. Ses doigts sont toujours à caresser le haut des cuisses d'Alexandre, sans jamais aller vers son érection. Après tout, il n'a pas encore donné son consentement.

— Il faut que j'envoie un texto à ma mère...

Samuel sent une main se poser sur son crâne, un genou se plier, et un membre très excité se plaquer sur son menton.

— Lui dire que je l'appelle demain et que ça va.

Samuel profite de ce petit interlude, où Alex prend son portable et rédige un message, pour se relever et ôter son tee-shirt. Son amant suit le mouvement et ils finissent par s'embrasser passionnément, quoique qu'avec une certaine indolence de la part d'Alex.

— Dis-moi ce que je dois faire, murmure Samuel à son oreille.

Il sent la respiration profonde d'Alex sous sa main, et les ondulations quasi involontaires de son bassin. Il est encore crevé.

— Il faudra que je te dessine.

— J'ai envie de...

Alex hésite. Il le voit se mordre la lèvre.

— Oui. Vas-y...

Ses yeux sont encore dans le brouillard. La terreur est encore là, près de la surface. Il suffirait d'un rien pour qu'elle revienne. Et Samuel se souvient qu'il a été comme ça aussi, pendant leur première fois. La frustration et le stress qu'il ressentait, Alex avait su les diriger vers autre chose, vers le plaisir.

— Je ferai tout ce que tu voudras.

Ne pas pouvoir voir le visage d'Alex est extrêmement frustrant, mais le pénétrer par derrière est aussi extrêmement jouissif. Samuel est complètement replié au-dessus de son amant, ses coups de rein lui arrachant des gémissements délicieux.

Ne pouvant atteindre ses lèvres, la bouche de Samuel est occupée à parsemer la nuque d'Alex de baisers et de morsures légères. Et puis son amant tourne légèrement la tête, et il se précipite sur ses joues, ses yeux, et même son nez. Le couvrir de baisers et continuer à le baiser, encore et encore et encore jusqu'au point de rupture qui arrive beaucoup trop vite à son goût.

— Je peux te dire un truc ?

La nuit est bien avancée, le temps est passé dans un endroit où ils ne l'ont pas vu. Ce n'est pas bien grave, ils resteront ici demain, et même après-demain si c'est nécessaire.

Samuel est adossé au mur. Son crayon cherche à capter la beauté irréelle d'Alexandre. Il n'est peut-être pas très objectif. Son modèle est allongé sur le côté, toujours trop fatigué pour faire grand-chose. Alors il lit une nouvelle de Stephen King à voix haute. Ce n'est pas forcément très romantique. Le plafonnier est allumé pour leur permettre de voir ce qu'ils font, et la poubelle attend d'être descendue devant la porte.

— Quoi donc ?

Il a du mal à saisir le nez d'Alex.

— Je crois que je t'aime.

Le crayon s'arrête.

Ce n'est pas très compliqué en fait. Il y a déjà tellement pensé, presque une fois par heure, et encore plus quand il croise le regard d'Alexandre.

Samuel sourit et reprend son dessin. Le dessin est réussi.

— Moi aussi.

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