I. « Mademoiselle Misophone »

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ZAYN MALIK

Ma nuque me fait atrocement souffrir lorsque je baisse la tête pour découvrir ma sœur, tirant sur l'ourlet de ma chemise en flanelle. Je m'efforce tout de même de lui sourire avant qu'elle ne se mette à me réclamer un bisou. Sans hésiter, je m'abaisse à sa hauteur pour lui administrer un baiser protecteur sur la tempe. Satisfaite, Safaa daigne enfin quitter ma chambre pour rejoindre ma mère en bas. J'en profite pour me dévêtir et claquer la porte de ma chambre. Je soupire en m'attardant sur mon reflet dans le miroir. Les séquelles résultants de mes longues semaines de batailles à Helmand (en Afghanistan) ont non seulement un impact sur mon moral, mais également sur mon apparence. Je ne peux pas croire que certaines femmes en viennent à penser que les blessures de guerres sont vraiment sexy, c'est juste que-non, elles ne le sont clairement pas. Des bleus parsèment la majeure partie de mon torse alors que j'effleure des doigts une cicatrice sur mon bras gauche. Celle-ci trace une sorte de ligne droite depuis le haut de mon épaule jusqu'à la naissance de la région antérieure de mon coude. Alors que je m'attarde sur mes chevilles, ma nuque me fait de nouveau souffrir.

Je ne saurais pas vraiment décrire mon état actuel. Je suis juste un homme marqué par une période éprouvante de ma vie. Je peux encore me voir au front ; à lâcher des grenades par dizaine chez l'ennemi. Terrence et Wayne me hurlent de reculer alors qu'à ma gauche, la cervelle de Carter vient d'être littéralement explosée. Lorsque je rejoins la tente du Général Baldwin, il m'annonce que treize de nos hommes ont étés tués suite aux bombardements. À bout de force, je craque pour la première fois et me mets à pleurer. D'un regard compatissant, le Général tente tout de même de paraître impassible et m'ordonne de retourner sur le champ de bataille pour aider les infirmiers à porter les cadavres de mes défunts camarades. Bradley et Terrence me rejoignent alors que Wayne pleure son meilleur ami. Ma gorge se serre et je me retiens d'exploser à nouveau.

« Zayn, peux-tu ouvrir ? »

Je sursaute et me passe la main sur le visage, frustré au plus haut point. Ces douloureux souvenirs me mettent dans un état pathétique, je ne peux pas croire que je sois aussi faible. J'entends ma mère s'inquiéter de l'autre côté de la porte tandis que je reste impuissant, faible et rongé par la souffrance. Lentement, je me dirige tant bien que mal vers la porte et l'ouvre d'une traite. Face à moi, ma génitrice se décompose en constatant que son fils ne ressemble à rien d'autre qu'un homme pitoyable. Elle me prends dans ses bras, horrifiée par la vision de ma douleur. Je resserre notre étreinte et lui embrasse tendrement les cheveux. Je suis heureux de la retrouver.

« J'ai appelé Niall, il arrive dans vingt minutes. Tu as tout juste le temps de te laver, fais vite. » Je hoche la tête et l'embrasse de nouveau, sur la joue cette fois-ci. « Je suis tellement heureuse de te retrouver, sain et sauf. Tu n'imagines même pas à quel point j'ai eu peur de te perdre Zayn. »

•••

« Quand est-ce que tu reviendras ? » me demande timidement ma sœur, d'un sourire triste

Je la prends dans mes bras et la serre le plus fort possible. Waliyah est âgée de dix-sept ans et depuis toujours, c'est d'elle dont je suis le plus proche dans la famille. Je me rappelle qu'avant mon départ pour l'Afghanistan, nous nous sommes disputés car elle m'en avait beaucoup voulu d'avoir intégrer l'armée. Elle avait peur, peur de me perdre comme c'est arrivé avec mon père. Cependant, dès mon arrivée, elle a été la première à se ruer sur moi, plus ravie que jamais.

« J'essaierais de revenir le plus souvent possible, c'est promis. » je tente la rassurer

« T'as intérêt à m'appeler souvent ! »

Nouvelle Exploration → z.m // Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant